Les banques cantonales et l’Institut d’économie appliquée de l’Université de Lausanne viennent de présenter leur rapport annuel sur le PIB romand. Le produit intérieur brut. Que faut-il en retenir ?
Eh bien que l’économie régionale va plutôt bien en termes de croissance, mais moins bien que l’an dernier. Et ça ira un peu mieux l’an prochain C’est ce que l’on entend de l’économie suisse depuis des mois.
La croissance est en général plus élevée en Suisse romande qu’en Suisse alémanique tout de même.
Vous avez raison. Et depuis le début des années 2000 en fait. Il y a probablement un effet démographique, parce que la croissance de la population favorise mécaniquement la croissance du PIB. Mais la Suisse romande a surtout rattrapé son légendaire retard global dans les technologies, les services et même l’industrie.
Vous voulez dire que la Suisse romande est aujourd’hui au même niveau?
Oui, et c’est assez nouveau. Ce ne sont pas les banques cantonales qui vont le claironner, parce que ce n’est pas dans la culture communautaire du pays. Heureusement. Mais ce rattrapage est aujourd’hui une réalité que les Suisses n’ont de loin pas encore intégré mentalement. Le « sous-développement » de la Suisse occidentale fait toujours partie de la conscience nationale. En fait, les cinq cantons romands et le Jura bernois francophone représentent aujourd’hui un quart de la population suisse. Et l’étude présentée hier fait ressortir que le PIB régional couvre un quart du PIB national. Eh bien voilà, nous y sommes.
Combien ce PIB régional représente en francs ?
170 milliards environ. Dont une progression de 5 milliards de francs l’an dernier. La croissance de 1,2% ne sera que de 2 milliards cette année. Ce sont des différences qui comptent. Ne serait-ce que sur le plan des revenus fiscaux des communes et des cantons.
Mais l’économie romande est aussi plus sensible à ce qui se passe dans le monde.
Oui, elle réagit davantage actuellement au ralentissement de la croissance mondiale par exemple, ou de la zone euro. C’est parce qu’elle est plus orientée sur des activités internationales. Ce sont surtout les multinationales de toutes tailles et les exportations qui se sont développées en Suisse romande ces trois dernières décennies. Et pas seulement dans le bassin lémanique. Même le tourisme en Valais est en un certain sens une activité d’exportation. Sensible à la valeur extérieure du franc par exemple.
L’économie de la Suisse alémanique est pourtant très internationalisée elle aussi.
Oui, mais les entreprises actives sur le marché intérieur sont bien plus nombreuses proportionnellement du côté de Zurich, de Bâle ou de Berne. Et bien plus importantes qu’en Suisse romande. La quasi-totalité des importateurs et distributeurs sont basés en Suisse alémanique par exemple. Ça représente beaucoup d’emplois et de valeur ajoutée. Y compris dans le e-commerce d’ailleurs. Parmi les grands sites à l’échelle suisse, il n’y a guère que Nespresso et Le Shop qui se trouvent par ici. Heureusement si l’on ose dire, parce que le commerce et le e-commerce de détail subissent dans toute la Suisse la concurrence croissante des importations directes personnelles.