Israël a bombardé samedi la bande de Gaza et ordonné de nouvelles évacuations à Rafah. L'ONU a mis en garde vendredi contre une "catastrophe humanitaire colossale" dans cette ville surpeuplée menacée d'une offensive terrestre israélienne.
Des journalistes de l'AFP, des médecins et des témoins ont fait état de frappes à travers le territoire palestinien assiégé et dévasté par plus de sept mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
L'entrée d'aide à Gaza est bloquée selon l'ONU depuis que les troupes israéliennes ont pénétré lundi dans l'est de Rafah et pris le contrôle du point de passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aides.
Au moins 21 personnes tuées dans des bombardements dans le centre de la bande de Gaza ont été transportées à l'Hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa dans la ville de Deir al-Balah, selon l'établissement.
"Le temps presse"
A Rafah, où s'entassent selon l'ONU quelque 1,4 million de Palestiniens pour la plupart déplacés par les bombardements israéliens et les combats, d'intenses frappes aériennes ont visé un secteur proche du point de passage avec l'Egypte, ont indiqué des témoins. De la fumée s'est élevée au-dessus de la ville, selon des images de l'AFP.
D'autres frappes ont eu lieu dans le nord de la bande de Gaza, selon des témoins.
Défiant les mises en garde internationales contre une offensive majeure à Rafah, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de la ville, après avoir ordonné aux habitants d'évacuer la zone.
Alors que les efforts de médiation en vue d'une trêve et de la libération d'otages semblent s'enliser, la branche armée du Hamas a diffusé samedi une vidéo d'un otage israélien retenu dans la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël.
Ces images d'une dizaine de secondes, dont la date d'enregistrement n'est pas précisée, montrent un homme ayant un oeil tuméfié et l'air hagard qui articule son nom. Le message est accompagné des hashtags "Le temps presse" et "votre gouvernement ment".
300'000 Palestiniens ont fui Rafah
Le nouvel ordre d'évacuation émis samedi par l'armée pour l'est de Rafah indique que les zones désignées ont été "le théâtre d'activités terroristes du Hamas ces derniers jours et semaines". Environ 300'000 Palestiniens ont quitté les quartiers est de Rafah depuis le premier ordre d'évacuation le 6 mai, selon l'armée.
En janvier, elle avait annoncé avoir démantelé la structure de commandement du Hamas dans le nord de Gaza, mais samedi, un porte-parole a déclaré que le Hamas "essayait de se reconstruire" dans cette partie du territoire où l'armée a ordonné l'évacuation des zones de Jabaliya et de Beit Lahia.
Vendredi, le département d'Etat américain a indiqué dans un rapport que les Etats-Unis jugeaient "raisonnable d'estimer" qu'Israël a violé le droit humanitaire international à Gaza sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive, et continueront à livrer des armes à ce pays. En cas d'offensive majeure à Rafah, le président américain, Joe Biden, a menacé de cesser certaines livraisons d'armes à Israël, dont les Etats-Unis sont le plus proche allié.
Une vaste opération à Rafah conduirait à une "catastrophe humanitaire colossale", a averti pour sa part vendredi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, répétant que la famine se profilait dans le territoire palestinien.
Tirs de roquettes
Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah, fermé par Israël pendant trois jours après des tirs de roquettes du Hamas, l'acheminement de l'aide reste "extrêmement difficile", a affirmé à l'AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l'Ocha dans les territoires palestiniens.
Samedi, de nouvelles roquettes ont été tirées de Rafah vers Kerem Shalom, dont l'une a été interceptée par le système de défense anti-aérien israélien, selon l'armée. Les trois autres sont tombées dans des zones non habitées.
La veille, le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens, a annoncé "le transfert de 200'000 litres de carburant à des organisations internationales" via Kerem Shalom.
Pour le coordinateur d'urgence de Médecins sans frontières à Gaza, Sylvain Groulx, il faut "comprendre que lorsque plus des deux tiers des hôpitaux ou des structures médicales de Gaza ont été soit détruits, soit partiellement détruits, il devient encore plus difficile d'offrir à la population les services de santé de base dont elle a cruellement besoin".
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp