Vladimir Poutine a reconnu pour la première fois que l'attentat près de Moscou, revendiqué il y a trois jours par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), avait été commis par des "islamistes radicaux". Il a toutefois continué à sous-entendre un lien avec l'Ukraine.
Kiev et les Occidentaux ont vigoureusement démenti toute relation entre les autorités ukrainiennes et les auteurs de cette attaque qui, selon un nouveau bilan annoncé lundi soir, a fait au moins 139 morts et 182 blessés.
M. Poutine, plus de deux ans après son offensive à grande échelle contre Kiev présentée comme un conflit existentiel, a néanmoins encore soulevé cette idée qu'il avait déjà évoqué ce week-end sans mentionner d'implication djihadiste.
"Nous savons que (ce) crime a été commis par des islamistes radicaux ayant une idéologie contre laquelle le monde islamique se bat lui-même depuis des siècles", a-t-il déclaré lors d'une réunion gouvernementale.
L'Ukraine pointée du doigt
"Ce qui nous intéresse, c'est le commanditaire", a-t-il ajouté, en appelant à une enquête "professionnelle".
"Pourquoi les terroristes, après leur crime, ont essayé de partir en Ukraine? Qui les attendait là-bas? Ceux qui soutiennent le régime de Kiev ne veulent pas être des complices de la terreur et des soutiens du terrorisme, mais beaucoup de questions se posent", a-t-il dit.
"On se demande à qui cela profite? Cette atrocité peut être un nouvel épisode de la série de tentatives de ceux qui, depuis 2014, combattent notre pays à travers le régime néonazi de Kiev", a-t-il affirmé.
"Et les nazis, c'est bien connu, n'ont jamais dédaigné utiliser les méthodes les plus sales et les plus inhumaines pour atteindre leurs objectifs", a-t-il déclaré, reprenant son récit prétendant que l'offensive en Ukraine vise à renverser un régime néonazi.
Questions en suspens
Plus tôt, le Kremlin avait refusé de commenter la revendication de l'EI. Trois jours après le drame, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l'identité et les motivations des quatre principaux suspects.
Ces derniers, dont au moins un est originaire du Tadjikistan, en Asie centrale, ont déjà été placés en détention provisoire jusqu'au 22 mai. Ils encourent une peine de prison à perpétuité.
Trois autres suspects ont été placés lundi en détention jusqu'à la même date. Selon l'agence de presse Ria Novosti, il s'agit d'un père et de deux de ses fils, dont l'un, né au Tadjikistan, a la nationalité russe.
Les autorités russes avaient annoncé samedi avoir arrêté au total onze personnes.
Le groupe Etat islamique, que la Russie combat en Syrie et qui est actif dans le Caucase russe, a revendiqué l'attentat mais les autorités russes assurent que les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien après l'attaque.
Kiev a nié tout "lien avec l'incident". Les Etats-Unis ont également rejeté la version du président russe.
Attaque de 13 minutes
Le nombre des blessés, toutes gravités confondues, atteint 182, a indiqué lundi soir Alexandre Bastrykine, le chef du Comité d'enquête, lors de la réunion gouvernementale avec le président russe.
Selon lui, d'après les premiers éléments de l'enquête, 40 personnes ont été tuées par balles et 45 autres du fait de l'incendie. L'attaque a duré seulement treize minutes, entre 19h58 et 20h11, avant le départ des assaillants, toujours selon M. Bastrykine.
Des allégations de torture visant les suspects arrêtés sont apparues après la parution de vidéos les montrant le visage ensanglanté.
Une autre vidéo, dont l'authenticité n'a pas été confirmée, semble montrer l'un des suspects en train se faire sectionner l'oreille au couteau.
Au cours de l'audience des suspects dans un tribunal de Moscou dimanche soir, l'un d'eux avait un bandage blanc à l'oreille tandis qu'un autre est arrivé dans une chaise roulante.
"Impuissance" et "échec"
Une des figures de l'opposition russe en exil, Léonid Volkov, a dénoncé lundi une tentative des services de sécurité russes de "détourner l'attention de (leur) impuissance et de (leur) échec" en montrant ces vidéos.
L'attentat est survenu quelques jours à peine après sa réélection sans opposition pour six ans, alors qu'il avait promis la sécurité à ses concitoyens en pleine recrudescence des attaques en provenance d'Ukraine sur le sol russe.
La lutte contre le terrorisme "nécessite une coopération internationale totale", a estimé lundi Dmitri Peskov, mais celle-ci "n'existe pas du tout".
Le président français Emmanuel Macron a quant à lui assuré avoir proposé à Moscou "une coopération accrue" sur le sujet, précisant que la branche de l'EI "impliquée" dans l'attaque de vendredi avait mené ces derniers mois "plusieurs tentatives" sur le sol français.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp