Ce qui se joue avec l’initiative pour l’autodétermination lancée par l’UDC, c’est la démocratie suisse
Nous sommes appelés à nous prononcer le 25 novembre prochain sur notre démocratie directe, c’est-à-dire sur notre démocratie tout court.
La Suisse est le seul pays au monde ou le peuple peut décider lui-même et si besoin contre l’avis de ses gouvernants quelle doit être la teneur de sa constitution.
C’est la fameuse initiative populaire qui permet à 100'000 citoyens de provoquer une votation générale du peuple et des cantons suisses et de soumettre à ces derniers l’adoption d’un article constitutionnel.
Avec le référendum obligatoire ou facultatif, l’initiative populaire fait partie des institutions fondamentales pour ne pas dire sacrées de notre démocratie directe, celle qui prévoit qu’en Suisse, c’est le peuple qui a le dernier mot, c’est le peuple qui est véritablement souverain.
Bien qu’elle soit bellement intitulée « le droit suisse au lieu des juges étrangers », en référence au pacte fondateur de notre Confédération par lequel les Suisses se sont jurés en 1291 de ne reconnaître la juridiction d’aucun juge étranger dans leurs vallées, cette initiative devrait en réalité être intitulée « Pour notre démocratie directe ».
Mais celle-ci n’est pas remise en cause par les opposants à l’initiative…
Bien sûr qu’elle l’est, et pour une raison très simple : en refusant de faire inscrire dans notre Constitution l’exigence que la Suisse et les cantons respectent le droit international mais que celui-ci doit être compatible avec notre Constitution, notre Conseil fédéral et notre Parlement veulent tout simplement qu’une initiative populaire demeure lettre morte si elle contredit le moindre traité international conclu précisément par eux…
Qu’un traité international signé par le Conseil fédéral et ratifié par le Parlement lie la Suisse, tel n’est pas l’objet du débat.
En revanche, que ce même traité ne puisse pas être renégocié si le peuple et les cantons adoptent un article constitutionnel qui lui serait contraire, voilà le véritable coup d’état de nos représentants !
Ceux-ci devraient s’empresser de respecter la volonté populaire et d’y adapter tout traité qu’ils auraient conclu.
Il faut quand même bien se rendre compte que notre Président Alain Berset nous demande d’accepter qu’un vote du peuple et des cantons puisse n’avoir aucun effet, que nos autorités puissent opposer un traité international à la volonté populaire qui se serait pourtant exprimée démocratiquement !
C’est vrai que l’idée qu’un vote du peuple et des cantons puisse rester lettre morte ne semble pas très démocratique…
Peut-on concevoir plus grand mépris de la volonté populaire ? Votez, votez braves gens, votez tant qu’il vous plaira, mais nous nous concluons les traités et peu importe ce que vous votez : nous vous opposerons le « droit supérieur » !
En 2005, les Français et les Hollandais ont massivement rejeté le projet de Constitution européenne ; deux ans plus tard, Sarkozy, en parfait roitelet républicain, réunissait députés et sénateurs en Congrès à Versailles et faisait passer ainsi le traité de Lisbonne qui n’était qu’une resucée de la Constitution européenne.
En Irlande, ce même traité de Lisbonne avait également été rejeté par référendum. Comme il n’était pas possible de le faire ratifier par le Parlement, on a fait revoter les Irlandais jusqu’à ce qu’ils votent bien et finissent par l’accepter !
Il faut que le 25 novembre, nous montrions à notre personnel politique que nous, Suisses, nous sommes jaloux de notre souveraineté et de notre liberté et que nous n’entendons les abandonner à personne.
Ce sont bien nos droits populaires que nous devons défendre et il faut que nos gouvernants qui se prétendent sages et sachants rougissent de nous avoir demandé d’y renoncer !