Les prix de l'électricité devraient une nouvelle fois augmenter l'an prochain. La hausse devrait être de l'ordre de 12%, a estimé mardi l’Association des entreprises électriques suisses (AES).
Il s'agit d'une valeur médiane, représentant un supplément de quasi 3 centimes par kilowattheure (kWh). La faîtière a réalisé cette première estimation en menant l'enquête auprès de ses 135 membres, dont font partie les principales entreprises d'approvisionnement. Les chiffres définitifs seront connus fin août, précise l'AES.
Un ménage-type composé de quatre personnes devrait payer 30 centimes par kilowattheure pour son électricité, en valeur médiane, contre 27,2 centimes par kilowattheure cette année.
Ce calcul tient compte des tarifs de l’énergie, des tarifs d’utilisation du réseau pour le réseau de transport de Swissgrid, y compris les coûts pour les mesures d’urgence de la Confédération en hiver ("réserve hivernale"), les redevances aux cantons et aux communes, ainsi que le supplément réseau servant notamment à encourager les énergies renouvelables.
Les tarifs d’utilisation du réseau pour la distribution ne sont, eux, pas encore connus, mais il faut s’attendre là aussi à des coûts plus élevés, a averti l'AES.
Cette hausse des prix de l'électricité est due principalement à la crise énergétique persistante, qui tire les prix de l'électricité sur le marché de gros vers le haut. Ce en raison des prix plus élevés des combustibles et du CO2, de niveau de remplissage historiquement bas dans les réservoirs de gaz, ainsi que de défaillances et de délestages de centrales, a ajouté l'AES.
Evolution incertaine
Ces tensions sur le marché de l'énergie sont aggravées d'une part par la guerre en Ukraine et d'autre part par la sécheresse que connaît l'Europe. Les prix ont ainsi atteint des niveaux records en août de l'an dernier.
Même si la situation s'est quelque peu détendue, l'AES constate que les prix du marché restent à un niveau exceptionnellement haut par rapport à la situation antérieure à 2021. L'évolution à court et moyen terme reste incertaine, d'autant que la crise énergétique européenne n'est pas terminée.
Un autre facteur de cette hausse a été la création par la Confédération en 2022 de la "réserve hivernale", une mesure d'urgence visant à garantir l'approvisionnement en électricité pendant l'hiver 2022/2023. Ces coûts ont été intégrés pour la première fois au calcul pour 2024.
Dans ce contexte, l'AES encourage les consommateurs à se montrer plus économes dans la consommation d'électricité. Ces prix élevés peuvent en outre inciter à faire avancer plus vite les investissements dans l’efficacité énergétique, afin d'atténuer les effets de la hausse, selon l'AES.
Les limites du système
Cette annonce a immédiatement fait réagir la protection des consommateurs: les entreprises d'électricité ont réalisé des résultats colossaux, a critiqué Sara Stalder, directrice de la Fondation pour la protection des consommateurs (SKS). Alpiq, Axpo et FMB, les trois plus importantes, ont totalisé plus de 4,4 milliards de francs de bénéfices au cours des derniers mois.
Cette situation montre que le système suisse ne fonctionne plus, selon Sara Stalder. Au lieu de protéger les consommatrices et consommateurs de hausses de prix excessives dans l'approvisionnement de base, il permet de répercuter ces prix sans problème et sans risque sur la population.
Sara Stalder espère que les actuels débats au Parlement sur l'approvisionnement en électricité permettront de remédier à cette situation. Les Chambres fédérales ont entre leurs mains la possibilité de réviser la loi sur l'approvisionnement en électricité dans un sens favorable aux consommateurs au lieu de "pousser les bénéfices des groupes électriques vers le haut", a-t-elle souligné.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats