La Suisse achètera "autant d'avions F-35 que possible" dans la limite de l'enveloppe financière de 6 milliards de francs. Aucun crédit supplémentaire ne sera alloué, a indiqué vendredi le Conseil fédéral. La volonté populaire sera respectée.
Les Etats-Unis sont restés intransigeants sur le prix des 36 avions de combat F-35A, invoquant des coûts supplémentaires liés au renchérissement, à l’évolution des prix des matières premières et à d’autres facteurs, a rappelé devant les médias le ministre de la défense Martin Pfister. Le surcoût est estimé entre 650 millions et 1,3 milliard de francs suisses.
Pour des motifs de politique financière, il n'est pas possible d'acheter dès maintenant les 36 avions de combat prévus, a précisé M. Pfister. Le Conseil fédéral ne veut toutefois pas y renoncer. Treize pays européens l'acquièrent également, ce qui renforcera l'interopérabilité au sein de l'Europe, justifie-t-il.
Il a donc décidé d'en acheter moins. "Nous ne pouvons pas encore dire combien de moins", a indiqué le Zougois. Mais pour l'instant, "il n'y a pas de 'décommande' auprès des Etats-Unis. Une décision sera prise l'année prochaine."
Compléter la défense
Compte tenu de la situation géopolitique actuelle et de l'évolution de la guerre aérienne, la Suisse doit renforcer sa capacité de défense. Les besoins en capacités de défense contre les menaces croissantes à distance et contre les drones ont augmenté. Les capacités de défense aérienne sont prédominantes par rapport aux missions quotidiennes de police aérienne.
Le Conseil fédéral préconise de suivre l'option 1 du rapport "Avenir de la défense aérienne" de 2017. Celle-ci prévoit d'adapter la capacité de défense aux menaces actuelles. Cela requiert donc un renouvellement en profondeur et un renforcement des performances de la défense sol-air, ainsi que le déploiement de 55 à 70 avions de combat modernes.
Les acquisitions décidées par le Parlement ne sont pas suffisantes pour assurer l'engagement durable de l'armée. La question est de savoir combien de temps l'armée doit être opérationnelle en cas de conflit, a annoncé le commandant des forces aériennes Christian Oppliger.
Aux yeux du Conseil fédéral, il est donc nécessaire de poursuivre "sans réserve" ces acquisitions pour assurer la protection de l’espace aérien suisse et développer sur cette base les capacités d’action dans et depuis les airs. Le Département fédéral de la défense lance les travaux en ce sens.
Pas de retard de livraison
Dans un premier temps, il s’agit de poursuivre les achats de l'avion de combat et des systèmes de défense à moyenne et longue portée. Le contrat d'achat des huit premiers F-35 a été signé fin septembre. Aucun retard de livraison n'est attendu et ces avions devraient arriver en Suisse en 2028, précise le gouvernement.
"Le Conseil fédéral veut à nouveau se prononcer dans un avenir proche sur l'éventuel achat de F-35 afin d'atteindre le nombre initialement prévu", a encore indiqué le ministre de la défense. Il conviendra également d'acquérir les systèmes de défense sol-air à courte, moyenne et longue portée qui font encore défaut pour renforcer la capacité de défense, ainsi que les munitions correspondantes.
Tout renforcement éventuel des moyens aériens sera examiné indépendamment du type d'appareil. "Tout reste ouvert. Y compris la possibilité d'acheter une deuxième flotte", a précisé Martin Pfister. Et d'ajouter qu'une éventuelle votation populaire doit faire l'objet d'une décision du Conseil fédéral ou du Parlement.
Cela permettra de prendre en considération les progrès technologiques, et donc les avions de combat d'une génération plus avancée, la durée de l’exploitation et du support, la dépendance envers les constructeurs, l’évolution des capacités opérationnelles ainsi que les contraintes budgétaires.
Le degré de maturité des nouvelles technologies et des nouveaux systèmes d’une part, et l’urgence de la situation en matière de politique de sécurité d’autre part, constituent des facteurs déterminants pour décider s’il convient de moderniser les systèmes existants ou d’en acquérir de nouveaux.