Le Théâtre Vidy-Lausanne a présenté jeudi la première partie de sa saison 2023/2024. Riche de 25 spectacles, dont une dizaine de créations, avec des équipes artistiques suisses et étrangères, elle s'étalera de septembre prochain à février 2024.
Autour du théâtre et de la danse, d'autres formes artistiques seront convoquées comme la musique, le cinéma, les arts visuels ou encore les conférences performées. Et autour des spectacles, le théâtre continuera aussi à proposer de nombreuses rencontres, débats et ateliers, ont indiqué jeudi en préambule ses responsables.
"La cité du théâtre au bord de l'eau", qui compte désormais cinq salles, dont une nouvelle pour les répétitions, partagera sa scène avec notamment des artistes du bassin méditerranéen. Le Rhône sera en effet comme un fil navigateur du Valais à la Camargue en passant par Vidy, Genève et Avignon. Le fleuve "nous relie à la mer au milieu des terres, à l'Europe méditerranéenne, au Proche-Orient et à l'Afrique", a résumé le directeur de Vidy-Lausanne Vincent Baudrier.
Ambassade éphémère kurde
En lien avec le 100e anniversaire du Traité de Lausanne, retirant tout espoir de nation au peuple kurde, Jonas Staal et Nilüfer Koç ouvrent "une ambassade éphémère et artistique" du Kurdistan pour imaginer collectivement un monde nouveau, au-delà des frontières, a annoncé M. Baudriller avant de faire un tour d'horizon de la saison.
Le Liban sera à l'honneur à Vidy avec la reprise de "Hartaqāt" (Hérésies) de Lina Majdalanie et Rabih Mroué, accompagné par l'auteur Souhaib Ayoub et le musicien Raed Yassin. "Fumée d'ambre" proposera pour sa part un spectacle sur les victimes de l'explosion du port de Beyrouth en août 2020. Le public pourra aussi découvrir un diptyque de l'autrice et metteuse en scène Chrystèle Khodr sur "L'Ascension et la chute de la Suisse d'Orient".
Un air marocain flottera également au bord du lac Léman: la chorégraphe d'"Eléphant", Bouchra Ouizguen, viendra avec des femmes pratiquant chants et danses traditionnels du pays. Venue de l'autre côté du Sahara, la chorégraphe ivoirienne Nadia Beugré proposera sa création "Prophétique (on est déjà né.es)" avec des femmes transgenres d'Abidjan.
La Grande Bleue parle, chante et danse
Dans "Au milieu des terres", le collectif occitan GdRA fera, lui, parler, chanter et danser la Méditerranée avec l'anthropologue tunisien de l'Université de Lausanne Mondher Kilani, une danseuse et acrobate tunisienne et une chanteuse italienne de tarentelle. Cette danse et musique rituelle et endiablée du sud de l'Italie inspirera aussi la performance "Le Recueil des miracles" du musicien et de la chorégraphe lausannois, Louis Schild et Claire Dessimoz.
L'Histoire sera au coeur de plusieurs spectacles. L'actrice et chanteuse française Jeanne Balibar revient avec "Les Historiennes", trois destins de femmes hors normes (l'esclave Páscoa Vieira, la parricide Violette Nozière et l'actrice et militante Delphine Seyrig), écrits par trois historiennes. Elle donnera aussi un concert de son nouvel album de chansons "D'ici là tout l'été".
Deux textes du répertoire allemand seront par ailleurs revisités. Robert Cantarella crée "Un prince de Hombourg", grande pièce romantique d'Heinrich von Kleist. Quant à Matthias Langhoff, ancien directeur de Vidy, il met en scène le triptyque du dramaturge Heiner Müller inspiré du mythe de Médée, "texte-poème" écrit au début des années 80 pour exposer les ruines sur lesquelles l'Europe s'est construite.
Ramuz et Philip Roth
A l'image d'une saison très éclectique, le Théâtre Vidy-Lausanne proposera encore deux textes d'écrivains célèbres. La Fribourgeoise Sarah Eltschinger met en scène à deux voix le roman prolifique, aux accents étrangement contemporains, de Charles Ferdinand Ramuz, "Présence de la mort". En 1922, il décrivait le canton de Vaud sous une canicule apocalyptique, car la terre était en train de se rapprocher du soleil.
Enfin, avec "Violence Forest", la metteuse en scène Nina Negri et l'actrice Laura Den Hondt se réapproprient la trajectoire de Merry Levov, l'héroïne du roman "Pastorale américaine" de Philip Roth, pour questionner la nécessité de l'usage de la violence aujourd’hui. Entre slam et chant, poèmes et luttes, la performeuse se laissera habiter par des voix féministes plurielles et dissonantes.
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Cet article a été publié automatiquement. Source : ats