La généralisation du co-enseignement dans les classes enfantines (1-2P) n'a de justesse pas convaincu le Grand Conseil vaudois. Au terme d'un débat tendu et d'un vote très serré, le Parlement a écarté une pétition en ce sens, non contraignante, déposée en août 2024 par un collectif d'enseignantes.
Crises à répétition, comportement ingérable ou violent, la situation "supportée depuis plusieurs années" par les maîtresses des classes enfantines est "devenue trop grave". La qualité de l'enseignement s'en ressent, si bien qu'un "changement de paradigme est nécessaire", selon les pétitionnaires, femmes dans leur écrasante majorité. Elles ont été entendues par la commission thématique des pétitions du Grand Conseil qui a présenté son rapport mardi.
La pétition, munie de 2225 signatures, préconisait plusieurs mesures, notamment un co-enseignement (soit deux enseignants par classe) les quatre matins où les 1-2P sont réunies ensemble. La mise en place de cette mesure était estimée à 64 millions de francs par an par la Direction générale de l'enseignement obligatoire (DGEO).
Pour les pétitionnaires, cette revendication n'était "pas idéaliste, puisqu'elle se met en place à Genève et va être envisagée dans d'autres cantons romands". Leurs arguments avaient convaincu la commission qui s'était prononcée en faveur d'un renvoi du texte au Conseil d'Etat par 7 voix pour, une voix contre et deux abstentions.
Message de soutien
Lors du débat en plénum, la gauche a plaidé en faveur de cette recommandation. "Il faut donner aux enseignants des petites classes le message qu'on les a entendus", a déclaré la députée Elodie Lopez (Ensemble à Gauche-POP). Un refus de les soutenir constituerait un "camouflet" à leur encontre, a surenchéri l'élu PS Julien Eggenberger.
"Ce texte est un cri d'alarme qui réclame des mesures concrètes et pragmatiques. Les mesures actuelles prévoyant une heure d'aide hebdomadaire supplémentaire dans les petites classes sont insuffisantes, elles sont comme un sparadrap sur une plaie plus profonde", a affirmé pour sa part l'écologiste Vincent Bonvin.
Parents pointés du doigt
La droite de l'hémicycle a plaidé pour l'abstention ou le refus du renvoi au Conseil d'Etat. Certains pour des raisons de coûts, d'autres parce que la problématique ne relève pas de l'Etat, mais de l'éducation familiale. "On parle d'enfants de quatre à six ans, où sont les parents?", s'est insurgé l'UDC Romain Belotti. "Il faut leur dire que quand leurs gamins seront mieux éduqués, on les prendra dans une institution publique", a renchéri le PLR Jean-Rémy Chevalley.
Le Vert libéral Jerome De Benedictis a pointé du doigt l'école inclusive et affirmé que "toutes les problématiques ne pouvaient pas être gérées dans les classes traditionnelles".
Des députés de gauche, à l'image de la Vert-e Sylvie Podio ont argumenté que les 64 millions du co-enseignement constitueraient "un investissement qui se répercutera sur l'économie à long terme".
"Laisser le gouvernement travailler"
Plusieurs députés PLR, à l'instar d'Alexandre Berthoud, ont invité le plénum à "faire confiance au département et au Conseil d'Etat" en classant la pétition. Sa collègue de parti, Florence Gross a estimé qu'une telle décision n'équivaut "aucunement à remettre en question le problème. Au contraire, c'est laisser le gouvernement travailler".
Le conseiller d'Etat en charge de l'enseignement, Frédéric Borloz, a pour sa part souligné que la pétition confirmait ce qui avait été identifié comme prioritaire par son département "et pas l'inverse". "Que vous renvoyiez ou non la pétition au Conseil d'Etat ne changera rien à ce que nous sommes en train de faire", a-t-il encore prévenu.
Lors du vote, les députés n'ont pas suivi les recommandations de la commission. Ils ont classé la pétition par 66 non contre 62 oui.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats