Le chef du Département de l’économie à Berne va-t-il encore tenir une année ? Le conseiller fédéral Johann Schneider Ammann a dit qu’il ne se retirerait qu’à la fin de la législature, mais des médias en Suisse romande s’inquiétaient hier de sa santé. Vous François, vous avez plutôt l’air de relativiser.
Il est vrai que Schneider Ammann semble un peu à bout de souffle à un an de cette fin de législature. L’économie suisse devrait pourtant le stimuler : on apprenait hier qu’elle allait de nouveau enregistrer un taux de croissance enviable cette année. Quasi américain. Près de 3% !
Mais le conseiller fédéral à l’économie voyage beaucoup dans le monde. Il n’est plus tout jeune, 66 ans. Il a l’air fatigué, passablement las. Et des témoignages anonymes affirment à Berne qu’il a tendance à piquer du nez lors de réunions. Qu’il a des blancs, qu’il cherche ses mots. Des journalistes (eux-mêmes anonymes) confirment qu’il attend parfois plusieurs secondes avant de répondre aux questions lors des conférences de presse. Bref. De quoi s’alarmer. Ça sent un peu l’épuisement.
Il n’y a guère que des députés libéraux-radicaux (le parti de Schneider Ammann précisément) pour ne pas s’inquiéter. Ailleurs, on pense plutôt qu’il devrait se retirer avant terme. D’autant qu’il s’avère en plus singulièrement peu combatif sur les dossiers chauds de politique intérieure.
C’est surtout cela ! On vote sur des sujets de politique agricole cette semaine. C’est de son ressort, mais on l’a peu vu et entendu.
C’est encore vrai, Philippe. Mais ce débat a-t-il vraiment besoin de lui si c’est juste pour mettre en garde contre le protectionnisme ? On évoque aussi les mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes. Le thème le plus chaud de l’été. Non, on ne peut pas dire qu’il ait cherché des ouvertures du côté syndical. Mais franchement : qu’y a-t-il à faire quand les syndicats ne cessent de proclamer qu’il n’entreront en matière sur aucune modification ?
Schneider Ammann avait été élu au gouvernement il y a huit ans parce qu’il venait du monde des entreprises. En réalité, il n’a jamais donné l’impression de se passionner pour la chose politique !
C’est bien cela, mais ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose. Le Conseil fédéral est un vrai collège d’exécution qui a besoin d’une diversité de profils. Pas seulement de conseillers fédéraux plus ou moins charismatiques et tout bien comme il faut. Focalisés sur le Parlement et l’opinion publique qui n’en font de toute manière qu’à leur tête (et c’est très bien comme cela).
Souvenez-vous de Moritz Leuenberger. Il siégé quinze ans, jusqu’en 2010. En fonctionnant toute une législature au ralenti (pour être poli). Dans un département de l’environnement bien plus difficile politiquement que l’économie. Le gouvernement n’en avait pas moins gouverné. Au sens suisse du terme, bien entendu.
Schneider Ammann va peut-être craquer avant terme, mais il peut tout aussi bien récupérer ces prochaines semaines. Parce que croyez-moi : quand il le faut, les agendas des conseillers fédéraux peuvent s’alléger. Ils sont bien plus adaptables qu’on ne l’imagine.