La stratégie vaudoise pour prévenir le surpoids et l'obésité chez les enfants et les jeunes, notamment en milieu scolaire, est loin d'être parfaite, selon la Cour des comptes du Canton de Vaud. Alors que son pilotage, son déploiement et son évaluation doivent être améliorés, la coordination sur le terrain a besoin d'être renforcée, conclut-elle dans un audit publié mercredi.
La Cour des comptes s'est penchée sur la promotion d'une alimentation équilibrée et de l'activité physique auprès des enfants et des jeunes, plus particulièrement sur les actions de la Direction générale de la santé (DGS). Cette dernière est en effet responsable de la stratégie cantonale et de la coordination des différentes prestations en la matière.
"Il n'y avait aucun soupçon de problèmes avérés ou de dysfonctionnement au lancement de l'audit", affirme à Keystone-ATS Nathalie Jaquerod, magistrate à la Cour des comptes du Canton de Vaud. "La présence de plusieurs partenaires actifs dans ce domaine laissait toutefois envisager des marges d'amélioration", dit-elle. La Cour a décidé de passer au crible la coordination et la performance de leurs activités (missions, objectifs, organisation).
La DGS collabore en effet avec le Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté) et l'Association vaudoise d'aide et de soins à domicile (AVASAD), deux institutions autonomes mais placées sous la surveillance de la DGS. En parallèle, la DGS est responsable de la santé scolaire conjointement avec la Direction générale de l'enfance et de la jeunesse (DGEJ).
Manque de statistiques
La liste des critiques de la stratégie de l'Etat de Vaud est longue, selon l'audit portant uniquement sur les actions financées et gérées par le Canton. La Cour constate que la stratégie de promotion de la santé est trop synthétique, pas assez détaillée, et les données récoltées trop lacunaires.
"Les objectifs n'ont pas été attribués aux différents acteurs et ils ne sont pas chiffrés. En raison de données incomplètes, la DGS ne connait que partiellement l'étendue de la problématique du surpoids et de l'obésité chez les enfants. Elle n'a pas non plus de vue globale sur les dépenses consacrées aux différentes thématiques de promotion", écrit la Cour dans son rapport.
"Vaud ne dispose pas par exemple de statistiques récentes sur la prévalence du surpoids des enfants. Il faudrait aussi un meilleur monitoring des besoins sur le terrain afin de mieux cerner les vulnérabilités et les disparités régionales", relève Mme Jaquerod.
Autre exemple: Unisanté ne dispose pas d'une vue d'ensemble des restaurants scolaires qui pourraient encore bénéficier du label "Fourchette verte" visant une alimentation équilibrée.
Evaluation insuffisante
En conséquence, les résultats des actions déployées ne peuvent pas être comparés à des objectifs chiffrés pour assurer un suivi de la stratégie de promotion de la santé. Le manque d'informations financières ne permet pas non plus de mesurer l'efficience des actions, soit les résultats obtenus avec les moyens investis.
La Cour estime en outre que "la DGS peine parfois à assumer son rôle de responsable stratégique auprès d'Unisanté et de l'AVASAD et à leur déléguer les tâches opérationnelles". D'un côté, la DGS s'implique directement dans des projets qui devraient être menés par Unisanté. Il en résulte un manque de clarté sur son périmètre d'action et une mise en ½uvre ralentie.
A l'inverse, la DGS et la DGEJ ne supervisent pas suffisamment les activités de l'AVASAD en milieu scolaire. Leurs attentes ne sont pas clairement précisées. Enfin, la collaboration entre Unisanté et l'AVASAD est insuffisante. Ils consacrent parfois des ressources aux mêmes activités.
"Si le canton de Vaud prend très au sérieux la question de la promotion de la santé auprès des jeunes, il manque toutefois une analyse des objectifs fixés dans la stratégie cantonale. L'impact des mesures sur les bénéficiaires n'est pas systématique", résume Mme Jaquerod. Le Canton ne prenant pas le temps et le recul nécessaire pour faire cette évaluation, il est "très difficile de mesurer la performance des actions", conclut-elle.
Onze recommandations
La Cour a identifié trois axes d'amélioration visant à garantir que les actions menées sont évaluées sur la base de données fiables. Elles ont pour but d'améliorer la coordination entre les acteurs et de combler les lacunes constatées au niveau de l'analyse des besoins des régions et des bénéficiaires de prestations.
La Cour adresse ainsi huit recommandations à la DGS, qui en accepte sept, avec une réserve pour trois d'entre elles. Une de ces recommandations concerne également la DGEJ, qui la refuse. Trois recommandations sont adressées aux acteurs du terrain, une à Unisanté et deux à l'AVASAD, qui les acceptent.
"Les recommandations rejoignent souvent des projets déjà lancés pour améliorer la planification et la mise en ½uvre des prestations ainsi que leur suivi. Certaines sont partiellement admises ou rejetées, en général sur des questions de gouvernance et de coordination, parce qu'une analyse à leur sujet est en cours et qu’il est trop tôt pour se déterminer", écrit mercredi le Conseil d'Etat dans une réaction.
"Les quatre entités concernées font de cette prévention du surpoids et de l'obésité, ainsi que d'autres facteurs de risque de maladies chroniques, une priorité", assure encore le gouvernement.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats