Le groupe Novartis à Bâle annonce la suppression de 2000 emplois ces quatre prochaines années en Suisse… et ça n’émeut pas la partie francophone du pays. Il est vrai que Novartis n’a plus guère d’activités en Suisse romande. Mais son nom a l’air d’encore résonner. Surtout du côté de Prangins, près de Nyon!
Prangins a un important site de production de médicaments sans ordonnance. Comme le Voltaren, tiens… célèbre dans une bonne partie du monde. Prangins, c’était surtout un site historique de Novartis. Jusqu’à ce que le groupe bâlois le vende au britannique GSK en avril 2014. Mais Novartis a gardé une participation minoritaire d’un tiers au capital de cette filiale.
Alors voilà : on se pose des questions. Surtout lorsque l’on entend les explications de la direction de Novartis sur les raisons de supprimer 2000 emplois sur quatre ans. Un recentrage sur des activités plus spécialisées, dans l’oncologie en particulier. Alors pourquoi Novartis garderait sa participation dans GSK Prangins ? Pourquoi ne pas la céder à GSK ou à un autre investisseur? Oui, il faut quand même s’y attendre.
Mais ça ne changerait pas grand-chose pour le personnel ! En principe du moins.
Comme vous dites en principe. Parce qu’en réalité, lorsqu’on travaille dans une multinationale, on se sent toujours mieux lorsque l’on est dans le pays de domicile de la multinationale. Même si elle n’est plus que minoritaire.
Dans le cas de Prangins, il y a surtout un historique assez récent et surtout très marquant. Souvenez-vous, il y a sept ans. Fin 2011. Le groupe Novartis annonçait que son site de Prangins allait tout simplement… fermer. Les activités devant être délocalisées pour des raisons de coûts. Classique. Mais la mobilisation fut considérable. Le conseil d’Etat vaudois lui-même était intervenu. Et il avait rapidement obtenu l’annulation pure et simple de la décision.
Ah, je vous vois venir : ce devrait être plutôt encourageant aujourd’hui du côté alémanique !
Exactement. On a peut-être un peu oublié par ici cet incroyable retournement de 2011. Mais tout laisse penser que les Alémaniques sont en train de s’en souvenir. Les réactions observées hier du côté de Bâle et du canton d’Argovie ont été très vives. Sans donner du tout l’impression qu’il s’agissait d’une sorte de dépit. On veut de tout évidence ouvrir des portes plutôt que les claquer.
Ce que les autorités vaudoises avaient obtenu contre toute attente en 2011 ? Pourquoi d’autres politiciens n’y parviendraient-ils pas aujourd’hui à Bâle ou à Aarau !
Sauf bien entendu que la direction n’est plus du tout la même. A l’époque, on pouvait encore se raconter des histoires pour comprendre cette décision restée tout de même très étrange. Se dire que le président Vasella avait grandi à Fribourg. Qu’il avait des attaches profondes en Suisse. Même en Suisse romande. Aujourd’hui, hé…le CEO de Novartis est un Américain. Et le président un Allemand. Sur ce plan, ça risque tout de même d’être un peu plus difficile.