Migros annonce des suppressions d’emplois en Suisse orientale. Ça peut paraître lointain, mais ça interpelle beaucoup de l’autre côté du pays.
Oui, c’est-à-dire à Genève et dans le canton de Vaud. On sait que les deux coopératives régionales occidentales sont aussi sous pression. Elles font partie comme la Suisse orientale des entités les plus exposées aux achats transfrontaliers.
Des mesures ont déjà été prises chez Migros Genève et Migros Vaud.
Oui, depuis longtemps, mais sans licenciements collectifs. Or la baisse des ventes et des marges apparaît chaque année dans les rapports de gestion. Il y a tout juste un an, la centrale de Zurich annonçait déjà des suppressions de postes dans ses quartiers généraux. Une vraie sensation s’agissant d’un groupe qui semblait au-dessus de ce genre de contrainte.
C’était surtout dans l’administratif et le marketing.
Oui, ça ne concernait pas le personnel de vente et de logistique peu qualifié et difficilement réorientable. C’est en tout cas ce que l’on s’était dit pour se rassurer. Or cette fois, c’est clairement le cas. Et ça donne l’impression d’un palier qui vient d’être franchi. A moins qu’il s’agisse d’une brèche dans la digue des coopératives régionales. Une sorte de précédent. Si la Suisse orientale l’a fait, pourquoi pas Genève, Vaud, Valais ?
Peut-être parce que la proximité avec l’Allemagne suscite davantage d’achats transfrontaliers qu’avec la France.
C’est vrai. Le différentiel de prix dans l’alimentaire est nettement plus grand avec l’Allemagne. Mais il n’y a de loin pas que les achats de proximité, et pas que l’alimentaire surtout. Dans le non-alimentaire, le tourisme d’achat passant par l’aéroport de Genève et les TGV est également redoutable pour le commerce de détail en Suisse romande. Et puis il y a Internet et le e-commerce. 3800 emplois ont été perdus ces dix dernières années dans le commerce de détail dans le canton de Vaud. C’est 10% en moins. 1% par an. Là, il faut peut-être s’attendre à de nouveaux durcissements.
Le groupe Coop a l’air moins bousculé.
Il ne l’est pas beaucoup moins, mais il donne l’impression de réagir davantage. Les Lausannois le constatent actuellement avec les travaux d’agrandissement et de modernisation de Coop City à Saint-Laurent. Ou avec l’ouverture de la filiale Fooby à Bel-Air, dans l’alimentaire haut de gamme. Une grande surface expérimentale à l’échelle suisse. Elle doit encore faire ses preuves.
Est-ce que ça veut dire que Coop est mieux organisé et dirigé que Migros ?
Peut-être, mais ce n’est pas d’abord une question de personnes. L’univers Migros souffre apparemment de son organisation décentralisée dans le pilier historique de distribution. Les coopératives régionales sont très jalouses de leur autonomie et de leurs prérogatives. Ça génère des doublons, des coûts et des conflits d’intérêt avec Zurich. Le groupe Coop a renoncé à ce modèle il y a une dizaine d’année. C’est peut-être aussi ce que Migros devra faire un jour. A moins que les coopératives régionales se mettent à prendre aussi des décisions douloureuses pour leur image. Comme en Suisse orientale précisément.
Le communiqué de Migros sur les suppressions de postes en Suisse orientale précise toutefois que le réseau de vente sera épargné.