Tout simplement parce que la décision prise la semaine dernière par le Grand Conseil genevois consistant à restreindre l’accès de la ville aux véhicules les plus polluants, est non seulement dans l’air du temps –c’est lors des périodes de stratus sur le plateau suisse que les limites de pollution sont largement dépassées-, mais aussi une première attendue depuis très longtemps par les spécialistes de la médecine préventive.
D’autres villes nous ont donc précédé
Oui, et depuis des temps ancestraux. En l’an 45, Jules César avait déjà restreint l’accès des chars tractés au centre de Rome. Plus récemment, les grandes métropoles sud-américaines nous ont largement devancés. Sao Paulo, la plus grande ville du Brésil, a imposé ses premières restrictions d’accès en 1996 déjà. A l’époque, les automobilistes devaient renoncer à utiliser leur véhicule un jour par semaine. Cette formule, introduite à titre d’essai, ne les a pas convaincus. Les autorités ont alors opté pour une solution plus pragmatique, qui permettait de réduire sensiblement le trafic aux heures de pointe. Ainsi, en fonction des numéros d’immatriculation –pairs et impairs- les automobilistes ont une liberté totale d’accès à la ville, et le lendemain, il ne peuvent y entrer avant 10h le matin, ni sortir avant 20h. Une large majorité d’usagers a accepté cette contrainte, absolument nécessaire dans une agglomération de 20 millions d’habitants, où l’on dénombre près de 8 millions de véhicules.
Le Mexique a fait œuvre de pionnier
Cela fait trente ans que les restrictions de trafic ont été imposées à Mexico City. Les plaques d’immatriculation sont dotées d’une pastille de couleur. Chaque jour, une partie du parc automobile est à l’arrêt. Aux cinq jours ouvrables, est venu s’ajouter, il y a maintenant dix ans, le samedi. Et en cas de pic de pollution, le système des immatriculations paires et impaires s’ajoute aux restrictions de base, afin de réduire drastiquement la pollution. D’autres grandes villes de Bombay à Bogota ont suivi l’un ou l’autre des modèles appliqués par les villes pionnières. En Europe, Bruxelles et Paris ont plutôt privilégiée des mesures limitées dans le temps, soit aux seules périodes des pics de pollution. Lorsque le smog recouvre Madrid, la plus haute capitale d’Europe occidentale, la circulation alternant les immatriculations paires et impaires s’impose.
Ces expériences devraient nous inciter à réfléchir
Ce qui se passe matin et soir sur les autoroutes du bassin lémanique, avec des automobilistes qui doublent le temps de trajet entre leur domicile et le lieu de travail en raison de l’intensité du trafic, m’interpelle naturellement. D’autant plus qu’en cas d’accident, la durée de trajet augmente considérablement, de même que le risque de collision en chaîne.
Et la situation ne va pas s’arranger
Certainement pas. Les chiffres livrés par Nuria Gorrite, présidente du Gouvernement vaudois en charge de la mobilité, lors de la Conférence d’agglomération d’Yverdon-les-Bains sont on ne peut plus clairs. Il y a trente ans, 30% des actifs pendulaient. Nous sommes 75% dans cette mouvance aujourd’hui et les études prévoient 90% de pendulaires dans quinze ans.
Quelle solution pourrait-on préconiser ?
Dans ce contexte, l’initiative prise par Genève –c’est une première en Suisse- va dans le bon sens. Mais il serait temps d’aller au-delà des restrictions imposées par les pics de pollution. En étalant les départs vers le travail, et les retours, sur l’exemple de Sao Paulo, on diminuerait la durée des trajets et tout autant le stress des usagers. Reste le respect des règles me direz-vous ? Eh bien les dispositifs de lecture optique, déjà très développés dans notre pays, pourraient s’en charger.