François Schaller revient sur le classement des meilleurs employeurs suisses dont certains se situent dans la région lémanique.
Qu’est-ce au juste qu’un bon employeur ? Vous me pardonnerez de ne pas avoir de réponse. C’est tellement, disons… subjectif. La seule chose dont je suis sûr, c’est que les bons employeurs ne se réduisent pas à certains classements annuels. Ces classements sont censés stimuler l’émulation entre entreprises. Ils donnent en réalité une image très réduite du monde du travail. Ca semble un peu sortir des studios Disney à Hollywood.
Le dernier en date de ces classements, c’est celui des sites européens Kununu et Statista. Ils ont récolté en Suisse des milliers de questionnaires d’employés. Les quatre meilleurs employeurs ? Rolex et le CERN à Genève, la Mobilière, les Chemins de fer rhétiques. C’est fort bien fait, mais les entreprises de moins de 200 personnes ne sont tout simplement pas prises en compte.
Cela exclut d’emblée près de 99% du demi-million d’entreprises en Suisse. C’est-à-dire plus de deux emplois sur trois !
Et c’est bien dommage. Parce que si les grandes entreprises ont beaucoup à offrir, bien des gens préfèrent travailler dans de petites structures.
Vous en savez quelques chose : on y trouve aussi de l’estime, de la confiance, de la loyauté, de l’esprit d’équipe… Sans forcément devoir en faire un thème de stratégie en ressources humaines. Et sans se sentir obligé non plus de bénéficier d’un work life balance impeccable. D’un espace yoga, d’un autre pour la méditation, des formations insolites, des voyages incitatifs. Des fêtes à répétition pour s’auto-congratuler des dernières performances…
Les administrations publiques ont-elles leur place dans le classement ?
Pour ce qui est des administrations publiques, la Confédération, les cantons, les communes, les employeurs des fonctionnaires ne figurent pas non plus dans ce genre de classement. Il est vrai que ce ne sont pas vraiment des entreprises. La culture professionnelle y est très différente. Beaucoup plus centrée sur le respect des ressources humaines justement. Ou censée l’être, pour être précis.
Remarquez encore qu’entre privé et public, il y a une sorte de zone intermédiaire. Des entreprises privées, mais pas tout à fait. Ou pas comme les autres. Eh bien revenons-y : ce sont précisément elles que l’on trouve en tête des meilleurs employeurs de Suisse!
Numéro un disais-je ? Rolex à Genève. Une fondation prospérissime qui ne paie pas d’impôt. Numéro 2 ? La Mobilière, compagnie d’assurance contrôlée par une coopérative. Numéro 3 ? Les Chemins de fer rhétiques. Une société anonyme détenue par la Confédération, le canton des Grisons et des communes. Numéro 4 ? Le CERN à Genève-Meyrin, organisation internationale et gouvernementale. Alors oui, ça semble difficile de régater avec ce genre de vénérables d’institutions. Et il y a fort à parier que bien peu de petites entreprises vont avoir envie de s’en inspirer.