Alors Marie, vous allez nous parler de quoi cette semaine ?
Ich will über Werbung sprechen, Philippe.
Alors Marie, que se passe-t-il, vous vous mettez à l’allemand ?
J’ai pris des cours il y a plusieurs années déjà pour pouvoir me débrouiller dans la langue de Goethe. Et heureusement ! Parce que l’autre jour, j’étais tranquillement devant la télé en train de repasser. Darius, le TJ, tout allait très bien. Et voilà que tout d’un coup, il passe ça :
- SON Moments that last. California road trip SWISS
Alors là je lève la tête, je pose mon fer et je vérifie si je suis sur la bonne chaîne, la RTS. Oui, je suis dessus. Sur l’écran, des sous-titres apparaissent en français. C’est la dernière publicité de Swiss, la compagnie aérienne, qui est diffusée en Suisse allemand. Vous avez peut-être pu la voir au cinéma… A Lausanne, Sion ou Genève, c’est pareil : du suisse allemand.
Des pubs en Suisse allemand, doublées en français, j’avais l’habitude. Les doublages sont d’ailleurs tellement à côté de la plaque, que je me suis dit plusieurs fois c’est pas possible, ils peuvent pas nous imposer ça.
Mais là, Swiss a fait un choix radical, en zappant carrément le français. C’est comme si je vivais à Pékin, et que ma télé me parlait en anglais. Moi, ça me choque. Et si j’avais été aveugle, je n’aurais rien compris du tout.
Alors cette semaine, j’ai posé la question au service de presse de Swiss, et voilà ce qu’ils m’ont répondu. Mr Mike Fuhlrott, qui travaille à Zurich, a quand même fait l’effort de me répondre en français. J’ouvre les guillemets : « Cette publicité a été tournée dans le style d’un film documentaire. A notre avis un doublage n’aurait pas correspondu à un documentaire authentique et crédible. Cette série de films publicitaires ne contient pas de protagoniste de langue française, nos efforts n’ayant pas abouti, ceci reste pourtant tout à fait envisageable pour de futures occasions ». Fermez les guillemets.
Donc si je résume, comme c’est une pub artistique, garder la version originale faisait plus chic. Ils en ont fait une autre en italien. Mais malheureusement, ils n’ont pas trouvé d’acteur assez bon pour jouer en français.
Au-delà de Swiss, ce que je constate, c’est que les marques me parlent de plus en plus en allemand. Que dis-je, en SUISSE ALLEMAND ! Parce qu’avec mon niveau B2, je pourrais comprendre le hochdeutsch, mais le schwizer dutch alors là, je suis hors jeu.
En fait pour le marché publicitaire et commercial, la Suisse romande n’existe pas. On est trop petits, que voulez-vous… Et même si nous sommes plus de 2 millions, en Suisse, à penser, parler, rêver, lire et chanter en français, ce n’est pas un nombre suffisant pour intéresser les annonceurs.
C’est pour cela que quand je regarde une vidéo sur Youtube, la pub qui s’affiche avant est, de plus en plus souvent, en allemand.
Moi je ne trouve pas ça normal, en tant que francophone. Le Français est une langue nationale. Dans les administrations, même à Berne, le personnel essaie de faire attention et de répondre en français. C’est la loi. Mais pour tout le reste, le secteur privé donc, j’ai constaté que le français est vraiment le parent pauvre – sans parler de l’italien, bien sûr.
Est-ce que, dans quelques années, le nombre de services en français va diminuer à tel point que pour appeler Swisscom, mon assurance maladie, ou Zalando, je doive savoir l’allemand, voire le suisse allemand ?
Et si d’autres entreprises que Swiss se mettent à ignorer les Romands, ne s’adressant qu’à leur public alémanique, comment nous allons faire ? Eh bien nous irons faire les courses en France, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Mais là bas, au moins, ils parlent français.
Sans rancune !