Quatre ressortissants indonésiens ont déposé plainte contre Holcim à Zoug. Ils tiennent le cimentier pour responsable des dégâts provoqués par le changement climatique sur leur île, régulièrement inondée en raison de la montée des eaux.
Les plaignants réclament à Holcim, basé à Zoug, "une indemnisation proportionnelle aux dégâts causés par les changements climatiques et une participation au financement des mesures de protection contre les inondations", ont indiqué mercredi dans un communiqué trois ONG qui soutiennent ces habitants de l'île de Pulau Pari, au nord-ouest de Jakarta.
Pour ces associations, dont l'Entraide protestante suisse (EPER), il s'agit de la première procédure civile ordinaire engagée en Suisse contre un groupe pour son rôle dans le réchauffement climatique.
Un des plus gros pollueurs
Dans la plainte, déposée lundi devant le tribunal cantonal, les Indonésiens invoquent une '"atteinte à la personnalité, causée par les émissions de CO2 disproportionnées de Holcim, tant passées que futures, qui ont entraîné des dommages". La procédure fait suite à l'échec, selon les ONG, d'une séance de conciliation en octobre dernier avec Holcim.
L'île de Pulau Pari a été inondée à plusieurs reprises l'année dernière, provoquant de gros dégâts. Pour les habitants, cela ne fait aucun doute: ces catastrophes se produiront toujours plus souvent lors des tempêtes, en raison de l'élévation du niveau de la mer provoquée par le réchauffement. Une situation qui menace l'existence de l'île et celle de ses 1500 habitants.
Pour ces derniers, Holcim, leader mondial du ciment et qui fait partie des 50 entreprises qui émettent le plus de CO2 au monde, est coresponsable de la crise climatique et de la situation critique sur l'île de Pari.
Stratégie critiquée
Les ONG s'en prennent aussi aux engagements du groupe suisse en matière de protection du climat. Elles les jugent insuffisants et trop tardifs pour atteindre l'objectif fixé dans l'accord de Paris sur le climat, soit de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré.
Les organisations critiquent notamment le fait que le groupe prévoit surtout une réduction des émissions par tonne de ciment, et non une réduction absolue de ses émissions. Dans un rapport transmis aux médias, l'EPER formule aussi des objections de type méthodologique sur la stratégie climatique d'Holcim.
Lors de la séance de conciliation, Holcim n'aurait pas donné suite aux demandes des ONG de revoir ses objectifs à la hausse. D'où l'action en justice.
En juillet 2022, Holcim, qui avait vendu en 2019 ses activités en Indonésie au cimentier local Semen Indonesia, n'avait pas souhaité faire de commentaires sur ce dossier. Le groupe avait précisé qu'il prend les questions climatiques "très au sérieux", qu'il est un des leaders en matière de décarbonisation dans sa branche et vise à devenir une entreprise "zéro émissions" d'ici 2050.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats