Volodymyr Zelensky a proposé mardi une trêve avec Moscou pour entamer des discussions sur une "paix durable" sous "l'autorité" de Trump. Il s'est dit prêt à signer avec ce dernier l'accord sur l'exploitation des ressources naturelles, souhaitant "arranger les choses".
Au lendemain de l'annonce de la suspension de son aide militaire par Washington, le chef de l'Etat ukrainien a dit attendre des "informations officielles" à ce sujet.
"J'ai demandé au ministère ukrainien de la Défense, aux chefs de nos renseignements et aux diplomates de contacter leurs homologues aux Etats-Unis et d'obtenir des informations officielles (...). L'Ukraine et l'Amérique méritent un dialogue respectueux et une position claire de chacune", a-t-il affirmé dans son allocution quotidienne.
Vendredi, "notre rencontre à Washington, à la Maison Blanche, ne s'est pas déroulée comme prévu. Il est regrettable que cela se soit passé ainsi. Il est temps d'arranger les choses", a affirmé sur le réseau social X M. Zelensky, disant souhaiter que "la coopération et la communication" soient "constructives à l'avenir".
"Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous l'autorité de Donald Trump pour obtenir une paix durable", a assuré le chef de l'Etat ukrainien, au lendemain de l'annonce du gel de l'aide militaire américaine.
A Paris, le président Emmanuel Macron a salué cette volonté de Kiev de "réengager le dialogue avec les États-Unis".
Trêve dans les airs et en mer
Pour "mettre fin à la guerre" déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, "les premières étapes pourraient être la libération des prisonniers et une trêve dans les airs - interdiction des missiles, des drones de longue portée, des bombes sur les infrastructures" civiles, notamment énergétiques, ainsi qu'"une trêve en mer immédiate, si la Russie fait de même", a-t-il suggéré.
L'Ukraine est "reconnaissante" aux Etats-Unis de leur aide militaire, a encore déclaré M. Zelensky, semblant répondre aux critiques de Donald Trump qui lui a reproché de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers son pays pendant leur joute verbale dans le Bureau ovale.
Le locataire de la Maison Blanche a par la suite ordonné lundi une "pause" dans l'assistance militaire cruciale fournie par Washington à l'Ukraine.
Plan "pour réarmer l'Europe"
"Nous discutons des options avec nos partenaires européens", a à cet égard insisté un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, tandis que l'UE a dévoilé le même jour un plan "pour réarmer l'Europe" qui va permettre de fournir une aide militaire "immédiate" à l'Ukraine.
"L'avenir d'une Ukraine libre et souveraine, d'une Europe en sécurité et prospère est en jeu", a expliqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans une lettre adressée aux dirigeants des 27.
Elle y présente un projet en cinq volets de 800 milliards d'euros destiné à renforcer la défense du continent qui sera examiné au cours d'un sommet européen consacré jeudi à Bruxelles à l'Ukraine et à la sécurité de l'Europe.
Berlin va débloquer trois milliards
A Berlin, le futur chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé que son pays allait débloquer trois milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire pour l'armée ukrainienne
La veille de cette rencontre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'entretiendra à Paris avec le président français Emmanuel Macron. Proche à la fois de Vladimir Poutine et de Donald Trump, Viktor Orban dénonce l'attitude de ses "alliés européens" et le "fossé transatlantique".
"Tous les moyens possibles"
La France va d'ores et déjà s'efforcer de "réunir tous les moyens possibles", avec d'autres pays européens, pour compenser le gel de l'aide militaire américaine à l'Ukraine.
Kiev va avoir besoin de munitions, d'"un certain nombre de systèmes pour le renseignement" ou encore d'accès "à des réseaux et à la connectivité", a réagi le Premier ministre français François Bayrou, s'exprimant au Parlement.
La situation est "très grave" et "nous devons être à la hauteur", a résumé le Premier ministre polonais Donald Tusk, Varsovie regrettant que les Américains aient pris "sans aucune information ni consultation" de leurs alliés une décision d'"une grande importance politique".
Londres veut "dialoguer" avec les USA
A Londres, le chef du gouvernement britannique Keir Starmer affiche une volonté de dialogue avec son "allié le plus ancien et le plus puissant, les États-Unis", outre ses "partenaires européens" et Kiev.
M. Starmer a aussi affirmé que "personne ne voulait davantage la paix que l'Ukraine", dans une conversation téléphonique avec le président Volodymyr Zelensky, a rapporté mardi Downing Street.
"Il est essentiel que toutes les parties travaillent à une paix durable et sûre pour l'Ukraine dès que possible", a aussi dit le dirigeant travailliste.
Les USA "renforcent l'agresseur"
Le ministre français chargé de l'Europe Benjamin Haddad fustige quant à lui une décision de Donald Trump qui "éloigne (la paix) parce qu'elle ne (fera) que renforcer la main de l'agresseur sur le terrain, qui est la Russie".
"Nous faisons une pause et réexaminons notre aide pour nous assurer qu'elle contribue à la recherche d'une solution" au conflit entre l'Ukraine et la Russie, avait déclaré la veille un responsable de la Maison Blanche sous le couvert de l'anonymat.
"Le président a clairement indiqué qu'il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s'engagent eux aussi à atteindre cet objectif", avait-il poursuivi.
Il s'agit essentiellement de l'assistance militaire déjà approuvée sous la présidence de Joe Biden et très largement soldée mais dont il reste encore du matériel à livrer.
Déjà des effets
La mesure prise par les Etats-Unis se fait d'ailleurs déjà ressentir dans le principal centre en Pologne de soutien logistique à l'Ukraine, celui de Jesionka, a informé mardi le chef du gouvernement polonais.
Les livraisons de l'aide américaine "sont en train de cesser, puisque des trains entiers qui étaient chargés à destination de l'Ukraine sont stoppés et interdits de se rendre à leur objectif", a confirmé à Paris François Bayrou.
"Un coup de poignard"
Indignée comme nombre de ses compatriotes, Sofia, une Ukrainienne de 33 ans interrogée par l'AFP sur la principale artère de Kiev, ne mâche pas ses mots, parlant d'"un coup de poignard dans le dos" asséné par les responsables américains.
"La Russie n'est pas parvenue à s'emparer de Kiev mais elle a rapidement pris Washington", renchérit Bojena Antoniak, rédactrice dans une maison d'édition ukrainienne.
Donald Trump ne décolère pas contre Volodymyr Zelensky depuis leur rencontre vendredi dans le Bureau ovale qui a tourné à l'affrontement verbal. Il a accentué lundi ses menaces contre celui qu'il soupçonne de ne "pas vouloir la paix" avec la Russie.
Mais le dirigeant populiste a aussi jugé que l'accord sur l'accès aux minerais ukrainiens, que M. Zelensky était censé signer à Washington vendredi dernier, pouvait encore être conclu.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp