Les comptes 2022 de l'Etat de Genève bouclent sur un bénéfice de 727 millions grâce à des revenus fiscaux exceptionnels. Le gouvernement a décidé d'affecter une partie de l'excédent record à l'amortissement de la recapitalisation de la caisse de pension de l'Etat.
Les comptes 2022 de l’état de Genève affichent un bénéfice record de 727 millions de francs. Un excédent qui contraste avec la perte attendue de 93 millions. L’excédent aurait été encore plus important - de 1,3 milliard - si l’Etat n’avait pas amorti la dette due à la recapitalisation de ses caisses de pension, la CPEG et la caisse de la police.
Un résultat exceptionnel qui s’explique par des recettes fiscales extraordinaires provenant des secteurs du commerce international, de l’horlogerie et de la finance mais aussi des personnes physiques pour 1,7 milliard. La réforme RFFA a également pesé dans la balance, avec des entreprises qui payaient auparavant entre 9 et 11% d’impôts sur leurs bénéfices et qui paient aujourd’hui 13,99%.
C’est la deuxième année que les comptes sont excédentaires. L’Etat n’est-il pas trop prudent? Ecoutez la réponse de la grande argentière Nathalie Fontanet.
Ce résultat positif a permis de réduire la dette de 900 millions qui revient au niveau de celui de 2003. Elle s'établit à 11,5 milliards à fin 2022, un niveau équivalant à celui de 2003. "C'est une bonne nouvelle", selon Nathalie Fontanet, mais Genève reste toujours le canton avec la dette la plus élevée de Suisse.
Commerce international
Le commerce international comprend les multinationales de notre canton, y compris les sociétés de négoces de matières premières qui ont bénéficié de la hausse des coûts dû à la guerre en Ukraine. Genève ne profiterait-elle pas de la crise? Aucunement, selon Nathalie Fontanet.
Mme Fontanet a souligné le poids des entreprises actives dans le commerce international pour les finances cantonales. La conseillère d'Etat a toutefois mis en garde contre la dépendance du canton à un très petit nombre de contribuables. "Il convient d'être très prudent par rapport à cette dépendance", a-t-elle relevé. La pyramide fiscale est affectée, ces contribuables représentaient le 20%. Aujourd'hui ils pèsent pour 50% dans la balance.
Syndicats mécontents
De son côté, le Cartel intersyndical exige que les mécanismes salariaux soient appliqués d’office chaque année. Et que les budgets soient à la hauteur des besoins. Geneviève Preti, présidente du Cartel.
Le gouvernement a opté pour un amortissement de 606 millions à la réserve budgétaire liée à la recapitalisation de la caisse de prévoyance de l'Etat (CPEG). Cette mesure permet de diminuer les coûts de fonctionnement de l'Etat de 16 millions par an pour les 37 prochaines années, a relevé le Conseil d'Etat.
Pour le Cartel intersyndical, le Conseil d’Etat aurait pu indexer les rentes pour les fonctionnaires au lieu d’amortir la dette de la réserve budgétaire liée à la recapitalisation de la CPEG.
Dans ce contexte comptable favorable, le gouvernement a pu se poser la question de l'affectation du bonus de 727 millions. Il a annoncé vouloir alimenter la réserve conjoncturelle à hauteur de 190 millions pour faire face à d'éventuelles nouvelles crises. Cette décision dépend toutefois du Grand Conseil.
Judith Monfrini avec ATS