La Ville de Genève se voit confirmer la notation AA- s’agissant de sa dette. C’est présenté comme une bonne nouvelle. Mais qu’est-ce que ça signifie au juste ?
Que le verre peut être à moitié plein ou à moitié vide. C’est l’agence de notation internationale S&P qui octroie ce genre de notes. Sur demande des collectivités publiques. Ces notes vont de AAA, le maximum, à CCC. Avec des pondérations. La dette de Genève, AA-, est considérée comme une dette d’assez haute qualité. A trois positions du plafond et à 15 positions du plancher.
Et à quoi peut-on comparer ce niveau d’endettement rassurant ?
Eh bien commençons par le comparer avec le canton, qui n’est pas un bon élève du tout. La République a une dette de 12 milliards de francs, ce qui représente 24 000 francs par résident. Trois fois plus que la ville, et même davantage. Eh bien figurez-vous que le canton a la même notation que la ville : AA-
Comment est-ce possible ?
Parce que ces notes ne tiennent pas seulement compte de ratios strictement objectifs. Il y a aussi une bonne part d’intuition. Quelques économistes discutent et décident autour d’une table. Il s’agit en fait de rassurer ou non les créanciers du client. Les caisses de pension par exemple. Elles ont l’habitude de ces notations. Alors le canton de Genève peut bien être le plus endetté de Suisse, disons qu’il ne représente pas vraiment un danger pour ses créanciers.
Oui, mais qu’est-ce qui permet de dire cela ?
Il y a derrière l’économie du canton, de la région, l’économie suisse, la Confédération. Franchement, on ne voit guère Genève tomber en défaut de paiement. Même les Etats-Unis ont une meilleure note que le canton et la ville de Genève d’ailleurs : AA+. Leurs niveaux alarmants d’endettement défraie pourtant la chronique en continu.
Et si l’on compare Genève avec le canton de Vaud ?
Le canton de Vaud est imbattable dans sa catégorie. C’est l’une de ses grandes fiertés aujourd’hui. Il a réduit sa dette de près de 9 milliards de francs en 2004 à moins d’un demi-milliard en 2013. Vaud a bien bénéficié de sa robuste croissance économique et démographique depuis deux décennies. Mais Genève aussi, sans parvenir néanmoins à se désendetter. Aujourd’hui, Vaud a un endettement de 1600 francs seulement par résident. C’est-à-dire rien, ou à peu près.
Et Lausanne ? La ville n’a pas bonne réputation sur ce plan.
Non, Lausanne est à plus de 18 000 francs par résident. Dix fois plus que le canton. Et c’est presque deux fois et demi davantage que la ville de Genève. Et là, ça se reflète dans les notations : Vaud a un triple A, le maximum. Mais Lausanne un seul A, ce qui la relègue dans la qualité moyenne. Moyenne « supérieure » heureusement, juste après les deux Genève.
Aujourd’hui, Lausanne préfère d’ailleurs parler de dette « nette ». C’est-à-dire l’endettement moins l’immobilier que la ville pourrait vendre en cas de nécessité. Il y en a pour 600 millions de francs environ tout de même. Ce qui fait passer la dette de 2,6 milliards bruts à 2 milliards nets seulement. C’est plus léger, un peu moins effrayant dans l’opinion publique.