Vous nous parliez hier de e-commerce en Suisse. Et de l’importance relative des grands sites internationaux. Ça renvoie aussi à l’ensemble des achats transfrontaliers.
Oui, rien n’est simple dans ce domaine quand il s’agit de chiffrer ce que les Suisses achètent à l’étranger. Ça repose beaucoup sur des estimations à partir de sondages. Avec des problèmes de définitions.
Parce que les achats transfrontaliers ne sont évidemment pas toujours déclarés.
Non, et il n’y a pas que les achats de proximité, qui sont ceux dont on parle le plus. Les courses réalisées de l’autre côté de la frontière. Du côté d’Annemasse, de Fernet-Voltaire, de Divonne ou de Vallorbe. En voiture. Avec de l’alimentaire en général.
Il y a aussi le tourisme d’achat, qui passe par les gares de Genève et de Lausanne avec le TGV. Et par l’aéroport, évidemment. Avec EasyJet, qui transporte aujourd’hui plus de 5 millions de passagers chaque année vers des villes européennes. Entre le train et l’avion, ça fait beaucoup de petits articles ramenés dans les bagages.
S’agissant d’Internet, vous nous disiez hier que les ventes cumulées d’Amazon, de Zalando et d’AliExpress en Suisse atteignaient 2 milliards de francs par an.
Voilà. Et il n’y a à vrai dire pas d’estimation globale de tous ces genres d’achats à l’étranger, à courte ou longue distance, empruntant différents moyens de transport. Genève, qui est un canton hyperfrontalier, vient de réaliser un sondage. Mais sur les courtes distances seulement. Pour conclure que près d’un franc sur dix de consommation courante était dépensé en France.
C’est beaucoup en comparaison suisse ?
Oui et non… C’est beaucoup parce que toutes les régions de Suisse ne sont évidemment pas frontalières à ce point. Et même si des sondages périodiques montrent clairement que les Suisses sont prêts à faire de plus en plus de kilomètres pour se ravitailler.
Et par rapport aux autres régions frontalières ?
Eh bien là, on ne peut que se référer aux estimations de l’agence internationale Gfk en Suisse, qui fait référence en la matière. Les dernières remontent à 2015, mais les ordres de grandeur n’ont à coup sûr guère évolué. Sur la frontière avec la France, de la Haute-Savoie jusqu’à Bâle ? On y compte aussi près de 2 milliards de francs par an d’achats transfrontaliers.
Si l’on voulait établir une moyenne, Genève la ferait évidemment grimper. Alors les quelque 400 millions de francs indiqués hier par le Conseil d’Etat paraissent bien modestes. Même si l’on tient compte des importants pôles d’achat de Pontarlier, de Sochaux-Montbéliard et de Saint-Louis à Bâle.
Du côté de la Suisse alémanique, il y a surtout l’importante frontière avec l’Allemagne, jusqu’en Autriche.
Oui, avec Bâle encore une fois, très enclavée. Et les prix en Allemagne sont sensiblement plus attractifs qu’en France. Alors c’est 5 milliards de francs par an là-bas. Deux fois et demi plus que sur la frontière française. Les Alémaniques sont de grands amateurs d’achats transfrontaliers de proximité. Sans parler des Tessinois avec l’Italie : 1 milliard de francs par an à eux tous seuls.