Suisse Tourisme a tenu sa conférence de presse annuelle hier et les nouvelles sont bonnes. Tous les indicateurs sont en hausse. Ce n’était plus arrivé depuis plusieurs années.
Oui, les années d’après crise 2008 ont été difficiles pour le tourisme en Suisse. Sur le plan des visiteurs européens en particulier. La Suisse a une réputation de cherté qui la rend très sensible aux variations économiques et monétaires. Mais cette fois les Européens ont été plus nombreux que l’année précédente. C’est un retournement.
Il n’y a pas non plus que des visiteurs européens. Ça s’entend dans les rues de Genève, de Lausanne ou de Montreux.
Oui mais l’Europe est un marché clé pour la Suisse. En fait, les touristes les plus nombreux sont les Suisses eux-mêmes. Ça s’entend aussi, d’ailleurs. Les touristes suisses en Suisse, ça représente un peu plus de la moitié des nuitées dans l’hébergement en général. Les Européens un peu plus de 30%. Le reste du monde, c’est donc moins de 20%. 17,6% pour être précis.
C’est tout de même honorable. La Suisse fait partie des pays les plus visités dans le monde, non ?
On peut le dire comme cela, mais il faut quand même relativiser : la Suisse est un fort beau pays, mais petit. Et les terriens qui veulent voir l’Europe une ou deux fois dans leur vie la mettent rarement dans leurs priorités. En fait, la Suisse ne vient qu’en 30e position des pays les plus visités dans le monde. C’est du même ordre que la République tchèque. Avec Prague essentiellement.
Oui, parce que ce sont en premier lieu les villes qui attirent les touristes dans le monde.
Absolument. Paris, New York, Barcelone, Madrid, Londres, l’Italie et même l’Allemagne avec Munich et Berlin. La Suisse est surtout une destination de nature et de petits trains de montagne. Zurich est la ville la plus visitée, mais c’est surtout lors de la Street Parade. Genève vient ensuite. Mais ce sont des quantités un peu négligeables à l’échelle du monde.
Il n’y a en tout cas pas de tourismophobie comme dans certaines villes européennes saturées.
Oui, Barcelone et Venise surtout. Mais aussi Dubrovnik en Croatie. Ou Lisbonne. Et bien d’autres. Et s’il y a une petite ville en Suisse qui pourrait être un jour atteinte de tourismophobie, c’est bien Lucerne avec son célébrissime pont en bois. Mais on n’en est pas encore là. Et imaginez Montreux, si orientée tourisme, se révolter un jour contre les touristes. Ce serait un comble.
Le tourisme transnational est pourtant en augmentation constante dans le monde.
Oui, et c’est énorme. Plus d’un milliard de personnes quittant leur pays chaque année. Une augmentation de 6% par an. L’industrie touristique représente aujourd’hui 10% de l’activité économique sur la planète. Et le flux est en train de s’inverser : plus le niveau de vie augmente dans le monde en développement, plus les gens veulent visiter l’ Europe et les Etats-Unis. C’est si légitime. Alors on ne sait plus très bien quel genre de taxe sur le transport aérien parviendrait à freiner ce formidable engouement.