La cybercriminalité est en hausse de 45%à Genève. En revanche les cambriolage et les vols dans l'espace public diminuent.
La cybercriminalité a augmenté de 45% à Genève en 2021, selon les chiffres dévoilés par la police dévoilés ce lundi. Les escroqueries, pour la plupart sur internet, rejoignent désormais la courbe des vols par effraction. Les cambriolages et les vols à la tire baissent de 20% environ. Pour faire face à cette hausse de la cybercriminalité, la police genevoise a créé, en septembre, une brigade des cybers-enquêtes. Une criminalité qui reflète l'air du temps, selon Mauro Poggia, Conseiller d'Etat chargé de la sécurité.
Avec une hausse de 45%, la cybercriminalité a très fortement augmenté à Genève entre 2020 et 2021. Afin de lutter contre ce phénomène préoccupant, une Brigade de cyber-enquêtes (BCE) dotée de quatorze inspecteurs a été créée en septembre 2021. Cette unité devrait être renforcée d'ici la fin de l'année.
Depuis sa création, la BCE traité 298 affaires, dont 70 concernent des "money mules", soit des personnes qui acceptent en échange d'une commission de mettre à disposition leur compte bancaire pour transférer de l'argent sale. Il y a aussi eu 65 cas d'usurpations d'identité, 9 d'investissements frauduleux en ligne, 6 d'arnaques amoureuse et 3 cas de vols de cryptomonnaie.
Trois inspecteurs supplémentaires sont attendus au deuxième semestre 2022, a relevé lundi devant la presse, le major Richard Boldrini, chef de la police judiciaire. Les compétences des collaborateurs qui reçoivent les plaintes en lien avec la cybercriminalité doivent également être renforcées, a-t-il souligné lors la présentation des statistiques policières 2021. Le détail avec le chef de la police judiciaire.
Honte
Sans surprise, la cybercriminalité économique est le domaine le plus touché par des cyberinfractions (93,1%). En 2021, 1664 cyberescroqueries en lien avec des abus d'identité, comme la création de faux comptes clients, ont été recensées (904 en 2020). Viennent ensuite des escroqueries en lien avec des objets payés mais non livrés, ou inversement, (270 en 2021 et 156 en 2020).
En l'état, il est impossible d'estimer le montant du préjudice subi par les victimes, relève Patrick Ghion, chef de section à la police judiciaire et spécialiste en cybercriminalité. D'autant plus, que les victimes annoncées ne représentent que la pointe de l'iceberg. Trop souvent, les victimes se sentent honteuses et hésitent à porter plainte.
Partenariats
Des partenariats ont été créés avec des plates-formes de vente en ligne afin d'avancer dans les enquêtes, a-t-il précisé. "On arrive à un certain succès quand les délits sont commis depuis la Suisse", a expliqué le spécialiste.
Mais c'est plus compliqué quand les excrocs agissent depuis l'étranger. Dans ce cas, il s'agit avant tout d'empêcher que le délit ne soit commis en rendant l'activité des malfrats plus difficile. Les comptes des potentiels escrocs sont ainsi identifiés et supprimés avant qu'ils ne puissent agir, a expliqué M.Ghion.
Alors que ces cyberescroqueries sont en hausse, les vols par effraction sont en revanche en nette baisse (- 65% de cambriolages, - 73% de vols à la tire et - 80% de vols à l'arraché depuis 2012). Des arrestations expliquent cette diminution, mais également des changements de comportements liés à la pandémie, comme le télétravail.
En hausse également, les violences graves. Notamment celles contre l’intégrité sexuelle. Les victimes sont plus enclines à dénoncer les abus, grâce à la libération de la parole. 24 policiers ont d’ailleurs été formés aux auditions, l’an dernier. Enfin, la police a dû faire face à davantage de bagarres entre mineurs en 2021.