La nouvelle est tombée tout d’un coup : Swissmetal est en ajournement de faillite. On ne sait pas très bien quoi penser de ce nouvel épisode. La grève de 2006 et le sursis concordataire de 2011 avaient défrayé la chronique dans toute la Suisse. Ça donne aujourd’hui l’impression que rien n’a été résolu.
Dans toute la Suisse parce que Swissmetal est actif à Reconvilier, Jura bernois francophone. Et à Dornach, tout près de Bâle mais dans le canton de Soleure. Il y a eu des grèves, oui, ce qui défraie très vite la chronique. Mais Swissmetal était à peu près sorti des radars depuis la reprise par un groupe chinois providentiel en 2013. Là, on a effectivement l’impression que ça recommence.
En fait, Swissmetal est en train de devenir un symbole du combat sans fin contre la désindustrialisation en Suisse. Un combat qui donne d’ailleurs des résultats. En Suisse, 20% des emplois se trouvent encore dans l’industrie, c’est-à-dire la production. Il n’y a guère que l’Allemagne pour faire mieux autour de nous. La France par exemple, atteint à peine 12%.
Mais Swissmetal, c’est une fonderie ! Une fonderie de cuivre, assez spécialisée, mais une fonderie quand même… Est-ce qu’il y a encore de l’avenir en Suisse pour ce genre d’activité ?
C’est bien cela le débat. Et Swissmetal donne un peu l’impression d’être à la frontière. Disons que l’entreprise a une fonderie. Et c’est vrai que ce terme fait un peu archaïque dans le paysage technologique. Swissmetal produit pourtant des pièces sophistiquées. De valeur relativement élevée. Pour la connectique, l’horlogerie, la génération de courant et d’autres débouchés à l’exportation.
Lorsque le groupe chinois Baoshida s’est présenté il y a cinq ans pour reprendre les actifs, tout semblait rentrer dans l’ordre. Swissmetal allait de nouveau pouvoir produire et vendre dans la sérénité. A l’abri d’un géant des prodcutions à base de cuivre, actif surtout dans la câblerie. Baoshida allait s’occuper de trouver de nouveaux débouchés dans le monde.
Cinq ans plus tard, l’entreprise a de nouveau des problèmes d’endettement. On devine qu’elle cesse de payer ses fournisseurs, dans les matières premières en particulier, pour pouvoir payer les salaires. Et cette fois, les choses paraissent claires. Swissmetal fait du chiffre d’affaires. Son problème, c’est la rentabilité. La masse salariale est trop élevée et il n’est plus possible de réduire les effectifs.
Et le propriétaire chinois ne s’en était pas rendu compte au départ ?
Apparemment… non. A moins que. On a compris en tout cas que Baoshida avait déjà laissé tombé Swissmetal. En fait, figurez-vous que ce groupe qui vend sur cinq continents n’a que deux unités de production hors de Chine : Reconvillier et Dornach. Et là on se demande sérieusement ce qu’il est venu faire ici. A part se familiariser avec le légendaire savoir-faire des métiers de Swissmetal. Si c’est le cas, c’est ce qu’on appelle du transfert de technologie un peu forcé. C’est très humiliant de devoir passer par là.