Financial Times, FT pour les intimes. Basé à Londres. L’un des plus grands quotidiens économiques du monde. Et il consacrait hier son dossier du jour à la Suisse. En titrant : le Brexit affaiblit le modèle suisse. Je suppose François que vous avez dévoré cet article…
Parce que c’est un événement tout de même. Un dossier du FT sur le Brexit et le modèle suisse. En Suisse, le microcosme politique fait comme si le Brexit n’avait aucune importance pour nous. Comme s’il n’existait pas ! Eh bien à Londres, les relations entre Berne et Bruxelles semblent intéresser beaucoup de monde, figurez-vous.
Ah !... Et comment le FT voit-il les choses ?
On peut résumer ainsi. En interprétant à peine : Bruxelles veut absolument obtenir une victoire rapide sur les Suisses avant de négocier concrètement avec le Royaume-Uni. Il s’agit en quelque sorte d’une stratégie d’intimidation envers Londres. Bruxelles veut montrer aux Britanniques qui commande. Vous comprenez, il ne faudrait pas que les Britanniques s’imaginent que l’on peut discuter d’égal à égal avec la grande Europe.
Mais les opposants au Brexit ont toujours fait valoir que la situation de la Grande-Bretagne et de la Suisse n’était pas comparable.
Elle n’est pas semblable, mais l’article du FT montre justement que ces deux situations sont en fait assez comparables. Point par point.
Elle est même semblable sur un point, justement. Qu’on évoque pratiquement jamais en Suisse, mais que le dossier du FT met au tout premier plan : l’Union négocie durement l’accès à son grand marché. Mais l’accès des Européens aux marchés britanniques et suisse n’a pas l’air de leur poser de problème. L’Union Européenne exporte bien plus vers le Royaume Uni qu’elle n’importe du Royaume-Uni. C’est la même chose avec la Suisse. La différence est de 40 milliards d’euros pas année. Quand on voit ces chiffres, l’accès au marché suisse a tout d’un coup l’air tellement facile !
En définitive le Royaume-Uni et la Suisse ont quelques chose d’important en commun : ils sont en définitive de très grands clients de l’industrie européenne. Mais tout se passe comme si Bruxelles n’avait qu’une idée en tête : montrer que dans cette affaire, il n’était juste pas question que le client soit roi.
Et du côté des différences, François? Nous n’aurons pas le temps de toutes les mentionner…
Elles sont nombreuses. La divergence la plus criante porte évidemment sur la libre-circulation des personnes. Bruxelles a obtenu des Suisses la libre circulation dans les années 2000. Or les Britanniques l’ont depuis 1990, et ils n’en veulent plus.
Alors j’ai envie de dire ceci aux journalistes du Financial Times : vous savez, le modèle, la référence, elle va probablement s’inverser après le Brexit. Ce sont cette fois les Suisses qui vont braquer leur regard sur le Royaume-Uni. Pendant dix ans si ça se trouve. Eh bien oui, pour voir comment les Britanniques évoluent sans la libre circulation des personnes. Parce que s’ils parviennent à s’en sortir sans, alors ça va très vite se savoir en Suisse.