Plainte pénale hier dans le canton de Vaud. Pour calomnie. Contre le secrétaire général du Département du territoire et de l’environnement. C’est un nouvel épisode dans la confrontation entre les promoteurs immobiliers Nicod et Orllati.
Il s'agit d'une affaire très inhabituelle dans l’actualité économique plutôt cadrée du canton. L’auteur de la plainte pénale est un directeur de l’enteprise Bernard Nicod. Contre un fonctionnaire qui lui aurait attribué dans un procès verbal des propos qu’il n’a pas tenus.
Le cadre de Nicod aurait plus ou moins expliqué ou sous-entendu que le « clan » Orllati » représentait un danger pour les gens qui voulaient donner des informations non complaisantes sur ses activités. « Ils savent manier la caisse en bois » aurait-il dit textuellement. Aïe. C’est cela qui est contesté, en invoquant les témoins présents lors de la réunion. L’intéressé n’aurait jamais tenu de tels propos.
C'est faire passer Orlatti pour une entreprise un peu mafieuse, soyons clairs. Et l’on est bien là au cœur du sujet. Les frères Orllati sont d’origine kosovare. Leurs activités de terrassement, de construction et finalement d’immobilier sont rapidement devenues incontournables dans le canton. La couleur bleue d’Orllati semble être sur tous les chantiers.
Alors forcément, les insinuations et les clichés sur ce succès fulgurant vont bon train : Kosovar = mafieux. Bernard Nicod n’y a pourtant pas prêté plus d’attention que cela, puisqu’il s’est associé avec Avni Orllati. C’était en 2015, sur un grand projet de logements à Chavanne.
Et puis les choses se sont très vite compliquées entre eux. Pour devenir proprement rocambolesques. Je vous passe les détails, mais le web en est rempli. Bernard Nicod explique aujourd’hui que le style Orllatti en affaires n’est pas du tout compatible avec les bonnes pratiques. Et qu’il ne faut pas laisser faire cela dans le canton.
C'est pourtant ce que l'on a longtemps entendu à propos de Bernard Nicod.
Et l’on peut discuter de son style personnel excentrique. Dans l’immobilier et la construction en revanche, c’est devenu une institution à vrai dire fort peu contestée.
Alors dans le public, le feuilleton est souvent suivi avec voracité. Il y a les pro-Nicod et les pro-Orllati. Ceux qui pensent qu’il n’y a rien d’autres dans cette affaire que de la xénophobie anti-kosovare. Et ceux qui se disent que ce n’est pas parce qu’Orllati est un nom kosovar qu’il devrait être épargné par la suspicion et les polémiques qui entourent régulièrement l’immobilier et la construction.
Ce qui est sûr, c’est que l’entreprise Orllati va se trouver sous surveillance médiatique et administrative particulière ces prochaines années. Comme Bernard Nicod l’a été pendant pas mal de temps d’ailleurs. À ses débuts. Pour être sûr qu’il s’agissait bien d’une entreprise « normale ». Sur ce plan-là, celui de l’attention portée aujourd’hui à Orllati, on peut dire que Nicod a déjà gagné.
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-30012019-071439/