Les journées annuelles du drone avaient lieu ce week-end sur le site de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Vous avez été des milliers à y assister.
Ce que représente l’industrie du drone en Suisse ? C’est-à-dire les appareils volants automatiques ou pilotés à distance ? Quatre-vingts entreprises environ, de taille plutôt modeste. 3000 emplois, ordre de grandeur, dans la sous-traitance le plus souvent. Ca ne pèse pas encore vraiment dans l’économie suisse. Et quasi rien dans l’industrie du drone civil dans le monde. Concentrée à 60% aux Etats-Unis et au Canada. Le reste en Asie essentiellement. En Afrique du Sud aussi, et dans la plupart des Etats d’Europe, dont la Belgique, la Suède, la Norvège…
Il ne faut donc pas se raconter trop d’histoires : l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne a bien raison de célébrer le présent et l’avenir des drones Swiss made. Et les médias de parler Drone Valley en Suisse. La réalité, c’est quand même que l’industrie suisse du drone a bien de la peine à se profiler.
N’oublions pas que le secteur des drones civils est issu de l’aéronautique de guerre. Les drones sont d’ailleurs en train de changer l’art de la guerre. Mais les applications civiles ont explosé ces dernières années avec l’imagerie en trois dimensions. La réalité virtuelle donne l’impression que l’on pourra bientôt tout faire à distance. Tout observer, tout enregistrer, intervenir dans des endroits invraisemblables, réputés inaccessibles, livrer banalement des marchandises.
Oui, c’est vrai, la Suisse a tout ce qu’il faut sur le plan de l’ingénierie. Dans les microdrones en particulier, parce que les microtechniques sont une spécialité suisse héritée de l’horlogerie. Et des spécialités recherchées par l’industrie du drône, il y en a encore bien d’autres par ici. Ne serait-ce que les matériaux, ou encore les senseurs et capteurs.
Ce qu’il manque, ce sont clairement des investissements. Et ce serait bien inutile d’en vouloir aux investisseurs. En général, les investisseurs n’investissent pas dans des technologies. Ils investissent dans des gens. Des leaders débordant d’ambition, les pieds sur terre, sans états d’âme, capables de porter rapidement des entreprises au sommet de leur catégorie. D’en faire elles-mêmes des leaders dans un segment particulier.
Et c’est bien ce qu’il manque encore à l’industrie suisse du drone : une entreprise de référence à l’échelle planétaire. Une grande histoire de succès. Susceptible d’augmenter l’attention sur les autres. Il y a bien SenseFly à Cheseaux, dans la cartographie. A l’ombre toutefois du groupe français Parrot, qui l’a reprise en 2012. Ou Flyability à Lausanne, avec ses drones d’accessibilité enveloppés dans une structure de protection. Mais il en faudra d’autres encore pour augmenter les chances de cette industrie locale émergente de changer un jour de dimension.