L'Ecographie de François Schaller.
Le groupe Apple présentera mercredi ses nouveaux produits. Des iPhones en particulier. Une cérémonie annuelle en général très suivie. On a pourtant l’impression que les grandes veillées médiatiques ne sont plus ce qu’elles étaient.
Apple, ce n'est plus ce que c'était. Peut-être de la lassitude. Ou comme un malaise. A propos : peut-on énoncer des doutes sur le génie d’Apple? Voilà la vraie question. Par rapport au passé, certainement pas : en une génération, Apple et ses grands suiveurs dans le monde ont changé plusieurs fois nos habitudes. Dans l’informatique personnelle, les instruments de pointage genre souris, les écrans tactiles, les smartphones, les tablettes… Du pur génie en effet.
Mais par rapport au futur? Là, s’extasier s’avère un peu plus difficile. Surtout depuis que le divin leader Steve Jobs a été vaincu par la maladie. Rendez-vous compte : il y a déjà sept ans. Et depuis lors, les légendaires présentations de nouveaux produits ne génèrent plus le même engouement médiatique.
Signe des temps, les secrets ne sont plus aussi bien gardés. Les nouveautés qui seront présentées mercredi ont un peu fuité. Sans provoquer de curiosité délirante. Attendez-vous à des améliorations cosmétiques sur l’iPhone X lancé l’an dernier. OK. Un smartphone à plus de 1000 balles qui n’a pas vraiment changé la face du monde. Il y aura aussi des ajustements sur l’iPad pro. Et un nouveau modèle de l’Apple Watch, avec un cadran élargi de 15%.
Autre signes des temps : on s’attend surtout cette année à une tendance baissière sur les prix. Le marché s’engorge. La marque californienne cherche apparemment à élargir le cercle de ses adeptes. Ça donne un peu l’impression de passer du qualitatif au quantitatif. En attendant qu’Apple trouve un éventuel nouveau souffle. De nouvelles inspirations profondes pour relancer un nouveau cycle d’innovations majeures dans le numérique grand public. De la réalité augmentée peut-être ? Oui, dans le fond : de quoi peut-on bien encore avoir vraiment besoin ? Eh bien voilà : on avait précisément l’habitude qu’Apple vienne nous le dire. Et que la concurrence s’y mette aussitôt. La mécanique n’est tout à fait plus la même.
C’est dire qu’on peut avoir quelques doutes en effet sur le génie créatif de cette référence des références. Sachez tout de même que les actionnaires, eux, n’en ont aucun. Le groupe est toujours une formidable machine à produire des liquidités.
Cet été, Apple est même devenu la plus grande entreprise de tous les temps par rapport à sa valeur sur le marché des actions. 1000 milliards de dollars. Davantage peut-être en monnaie constante que tous les nains devenus géants lors des trois révolutions industrielles. Dans la sidérurgie, le pétrole, la chimie, l’automobile, l’aéronautique, l’informatique… Et à ces niveaux-là, ce ne sera pas facile de conserver la confiance des investisseurs dans la durée. Apple doit réapprendre à nous enchanter. Sinon d’autres le feront à sa place. Les candidats les plus ambitieux ne manquent pas du côté de l’Asie.