Vous manifestez aujourd’hui une certaine inquiétude en relation avec les perspectives économiques?
Pour tout vous dire, je me surprends moi-même. Dans toutes les situations, va préférence va toujours vers le verre à moitié plein, symbole de mon inépuisable optimisme. Mais le dernier rapport de l’OCDE, l’organisation pour la coopération et le développement économique suscite chez moi quelques doutes. Alors que tous les organismes en Suisse confirment les prévisions de croissance pour ces prochains moins, la nouvelle économiste en chef de l’OCDE, Laurence Boone, vient de lancer un pavé dans la mare: la fragilité des économies des pays émergents et les guerres commerciales affectent déjà la croissance mondiale.
La situation est donc en train de se péjorer
Principalement parce que tous les incidents, menaces et mesures de rétorsion finissent par affecter le moral des consommateurs. Et on sait aujourd’hui que la consommation est le premier moteur de l’économie. Vous vous souvenez sans doute de l’une des premières frondes du président américain Donal Trump, qui a décidé de taxer lourdement les importations d’acier. Et bien à ce stade, le consommateur américain en est la première victime. Celui qui a acquis une machine à laver en juillet dernier l’a payée 20% plus cher qu’il ne l’aurait payée ne mars. Le lien avec les surtaxes appliquées par l’administration américain est incontestable: le prix des produits dérivés de l’acier ont augmenté aux Etats-Unis de plus de 18% entre la mise en application du diktat présidentiel et le mois d’août.
Le risque pour l’économie mondiale est plus grand dans un contexte de globalisation
Nous sommes devenus interdépendants et les ennuis des uns ont forcément des répercussions chez les autres. D’autant plus qu’à chaque évolution, positive ou négative, l’emploi, et donc les revenus des ménages, sont touchés. Un ralentissement de la croissance, c’est, avec plus ou moins d’acuité, une baisse globale des revenus et, conséquence directe, des produits fiscaux.
Tout cela fait resurgir chez vous de vieux souvenirs
D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un événement qui vous marque. Il y a tout juste vingt ans, j’avais été contacté, pour animer un débat, par une association romande réunissant des femmes s’intéressant à la défense. L’exercice terminé, j’avais découvert que ce groupe de citoyennes jouait aussi un rôle de couverture pour les services de renseignements helvétiques, qui pouvaient difficilement communiquer avec la population. En l’occurrence, la conférence publique du chef des renseignements d’alors, Peter Regli, que la célèbre procureure de la Confédération Carla del Ponte a, sans succès, tenté d’abattre quelques années plus tard, se résumait à un message prémonitoire: il y aura une troisième guerre mondiale. Mais sans armes conventionnelles. Elle sera économique et totale. Nous en prenons définitivement conscience aujourd’hui.