Les cultures maraîchères de la région des Trois-Lacs souffrent de plus en plus des périodes de sécheresse et on parle à nouveau d’un projet de correction des eaux du Jura.
C’est un grand projet qui a été développé en toute discrétion et qui sera présenté à la mi-novembre à tous les milieux intéressés, des politiques à l’agriculture en passant par les organisations de défense de l’environnement. Il faut savoir qu’il ne s’agit pas du premier du genre puisque au milieu du 19 e siècle déjà, de grands travaux avaient permis d’assécher partiellement les marais, propices aux vecteurs de maladies comme le paludisme, et de gagner en même temps des dizaines de milliers d’hectares de terres agricoles.
Ce projet a donc eu des effets très positifs...
Car les inondations, en particulier dans le bassin de l’Aar, ont pu être non seulement évitées, mais surtout gérées par la construction de nombreux canaux dans la zone comprise entre la plaine de l’Orbe, dans le canton de Vaud, et le Seeland bernois, en passant par Fribourg et Neuchâtel. L’envers du décor, c’est qu’avec le temps, le niveau de la nappe phréatique a baissé. Et on ne parle pas du tassement du terrain provoqué par l’utilisation de machines de plus en plus lourdes.
Ces travaux ont aussi eu un résultat inattendu
On l’oublie trop souvent, la Grande Cariçaie, l’une des plus importantes zones accueillant les oiseaux migrateurs, située sur la rive sud du lac de Neuchâtel entre Yverdon-les-Bains et Cudrefin, est sortie de l’eau, si l’on ose dire, au bénéfice de la deuxième correction des eaux du Jura, réalisée entre les années soixante et septante.
Sans elle, cette réserve naturelle d’importance internationale n’existerait tout simplement pas.
Alors pourquoi certaines organisations de protection de la nature s’opposent-elles à de nouveaux travaux?
Les opposants soutiennent publiquement que des méthodes plus douces, allant jusqu’à l’arrosage individuel des plantes –imaginez l’ampleur de la tâche et les coûts- permettraient d’obtenir le même résultat. Mais leurs craintes réelles sont peut-être moins avouables. Dans la situation actuelle déjà, la forêt gagne chaque jour du terrain sur les zones marécageuses. Alors pour les préserver, on a construit des empierrements dans le lac, sous la forme de petits barrages, et les roselières sont régulièrement fauchées. Car voyez vous, ces interventions de l’homme, qui n’ont rien de très naturel, sont, aux yeux des écologistes justifiées.