N’y voyez pas quelque chose de narcissique, je sais bien que vous vous fichez de mon dégradé – d’ailleurs la plupart du temps à cette heure-ci, j’ai le cheveux en bataille… Mais je suis quand même allée me faire tailler les pointes il y a quelques jours.
Et je me suis fait cette réflexion : notre société est pleine de start-ups qui regorgent d’idées pour renouveler l’expérience du consommateur. C’est vrai quoi, y’a quand même tout un tas de secteurs qui, grâce à la fameuse « disruption », ont pas mal évolué. Avec Uber, fini le taxi qui tire la gueule parce qu’on n’a pas la monnaie pour les 15 francs 60 de sa course.
Mais alors pourquoi, bon sang, personne n’a pensé à disrupter la coiffure ? Ce serait pas compliqué, le premier truc à faire, c’est arrêter d’imposer la musique à fond aux clientes, qui sont là pour se détendre.
Donc j’arrive, et là la coiffeuse, adorable, me propose un soin. Face à mon refus, elle tire une gueule du genre « pourtant il y en aurait bien besoin ». Et qui en rajoute en me disant combien mes cheveux sont secs… Alors je viens là pour me sentir un peu plus belle, et vlan, un coup de culpabilité dans la tronche.
Bref, déjà là je suis un peu tendue. Puis je m’installe devant le miroir. Elle coupe, bon, c’est pas mal. Puis vient l’heure de la frange. Au mépris de toutes les tendances actuelles, elle veut l’éclaircir. Je dis non, elle dit oui, je dis non, je veux pas avoir l’air de sortir d’un clip des années 90, elle me dit « mais pourquoi en fait, parce que là sur les côtés c’est disgracieux, Vous avez des masses qui ne sont pas uniformes ».
Des masses… Je t’en collerais, moi, de la masse. Mais j’ai pas cédé, j’ai pas cédé ! J’ai dit non et elle a fait une moue hyper déçue en levant son sourcil épilé. Mais j’y crois pas, quoi. Les coiffeuses sont les meufs les plus sexistes de toute la planète.
Là dessus elle me propose comme d’habitude le brushing, qui fait mal et qui brûle, et comme d’habitude je dis non, j’ai pas envie de ressembler à la pharmacienne, il manquerait plus que les ongles en plastique. Nouvelle déception pour la coiffeuse, qui du coup, finit par me tendre la facture, 100 balles. Pour ce prix-là, j’aurais bien aimé me sentir un peu jolie..
C’est comme dans une chanson de Linda Lemay que j’aime bien : « Messieurs vous avez pas idée, vous qui passez chez le barbier, vous faire donner un coup d'ciseaux, avant d'retourner au bureau, de ce qui faut que l'on endure, et de combien on s'humilie, lorsque l'on risque notre chevelure, comme s'il s'agissait de notre vie »
Pourquoi ça existe pas un salon de coiffure où tu écoutes de la musique douce, où il fait chaud, où les shampoings, et les couleurs sont bio. Où on te regarde pas comme une extra-terrestre quand tu dis que tu te coiffes jamais. Où on prend soin de toi, au premier degré, parce que la vie c’est pas facile. On devrait être solidaires nous les femmes. Alors pourquoi j’ai tout le temps l’impression que les coiffeuses me jugent ?
Figurez-vous que j’ai eu la réponse dans un article paru récemment dans Le Monde Magazine : en fait dans les écoles de coiffure, les enseignements datent de 20 ans. En gros depuis l’après-guerre, rien n’a changé. C’est pour ça que les coiffeuses ont toujours les mêmes vieux réflexes. C’est pour ça aussi qu’elles savent pas coiffer les cheveux bouclés ou crépus.
Alors voilà, ceci est un appel désespéré : cherche le Mark Zuckerberg de la coiffure pour révolutionner le monde des bigoudis. Fortune garantie.
Allez sans rancune !