Cette chronique est pour vous, revuiste de nos petits matins sur les ondes de Radio Lac. Vous, l’homme de l’aube, debout avant tout le monde, jamais en retard à l’heure de la prise d’antenne qui, en hiver, précède le lever du jour. En hiver, nous y sommes ou presque, les fêtes de fin d’année approchent et le moment est venu de penser au calendrier de l’Avent, de faire le décompte, en bon chrétiens que nous sommes, des jours qui nous séparent de la naissance de Jésus-Christ dans la nuit de Noël.
Vous me suivez? Oui, vous me suivez, en ouvrant chaque matin, dès le 1er décembre, une petite fenêtre cachant un dessin coloré, une image pieuse, histoire de réveiller, mais d’abord de faire patienter, l’enfant qui est en nous. Notre mémoire affective se souvient de ces guirlandes de vignettes cartonnées, de ces sachets cousus, de ces chaussettes remplies de surprises en tous genres. J’avoue une préférence paternelle pour les chaussettes tricotées. Elles permettent d’y glisser des souris en chocolat et des figurines de dessins animés, des animaux de la ferme, des hiboux miniatures.
Mais, me direz-vous, qu’est-ce que ce plaisir en chambre, délicieusement régressif, vient faire dans la vie d’un localier qui ne jure que par le dehors? Justement, le calendrier de l’Avent, grandeur nature, se visite dehors, au bord du lac, dans une promenade lacustre qui nous fait cheminer entre les cabines à l’ancienne des Bains des Pâquis. Vingt-quatre portes numérotées, transformées durant un mois en éphémérides ludiques, une façon assez jouissive d’exploiter ce vestiaire estival en plein hiver, lorsque les eaux du lac chutent sous les 10 degrés. Voilà ce qui nous attend.
Dès le 1er décembre, soit dès ce samedi à 19h, on ouvrira donc chaque jour une nouvelle porte de cabine. Les clés de ces vestiaires individuels, si prisés en été, ont été confiées à des artistes qui n’ont pas peur du froid. A charge pour eux de les faire vivre, de les décorer, de les animer en y ajoutant, pourquoi pas, du son, des voix et de la musique.
Des artistes d’aujourd’hui laissant libre cours à leur imagination, mais dans le respect du thème imposé. Car le calendrier de l’Avent des Bains des Pâquis a son commissaire d’exposition, soit l’Association des usagers du lieu. C’est elle qui qui invite et régale, fixant chaque année le motif servant de fil rouge à chacun.
La mort a déjà été traitée, on se souvient encore de l’affiche qui l’annonçait, la Grande Faucheuse sous sa capuche rouge portant dans ses bras la dépouille d’un cygne. Même pas peur. Quoique. Les cabines se découvraient alors comme autant d’exhumations intimes, pareilles à une danse macabre sous le clair de lune. Ce calendrier-là était d’abord conçu pour les adultes.
Celui qui arrive s’ouvre, en revanche, à tous les âges. Son titre - «Noël en enfance» - fait la part belle à l’émerveillement, aux contes et récits du passé, aux cabanes dans les arbres. Le vernissage quotidien sera suivi, à chaque fois, d’un apéritif en compagnie de l’artiste. Et ce jusqu’au lundi 24 décembre, où sera vernie, par n’importe quel temps, la dernière cabine.
Avant de la refermer comme ses voisines déjà dévoilées? Non, les Bains des Pâquis se montrent généreux et font vestiaire ouvert jusqu’à mi-janvier, afin de permettre aux amateurs de découvrir la totalité des interventions artistiques proposées.
On se croise en décembre, on se retrouve en janvier; dehors, évidemment. A la semaine prochaine.