« Les Gilets jaunes triompheront ! » : telle est l’inscription que l’on pouvait lire sur l’Arc de triomphe précisément, au soir du 1er décembre dernier, le troisième samedi consécutif du soulèvement qui fait vaciller la République, alors qu’un acte IV est prévu après-demain.
Plus personne ne se voile la face devant l’insurrection en France.
« Est-ce que Christophe Castaner est capable de faire respecter l’ordre républicain samedi ? Il faut sauver la République, elle est menacée » s’écrie le sénateur Gérard Larcher sur Twitter.
Les explications du Ministre de l’intérieur au Sénat ne semblent pas l’avoir rassuré : « Pour samedi prochain, nous allons d’abord faire preuve d’adaptation, lance Castaner sans sourciller. Nous allons mobiliser en France des forces en nombre supérieur encore aux 65'000 qui ont été mobilisés. Nous sommes en train de regarder tous les scenarii juridiques et nous n’en excluons aucun à condition qu’ils soient efficaces ».
Interrogé sur l’instauration de l’état d’urgence, Castaner avait déjà indiqué à la presse qu’il était « prêt à tout regarder » et qu’il n’avait « pas de tabou ».
« C'est la 1ère fois que je reçois un tel ordre » indique un CRS : selon L'Express en effet, les unités de CRS auraient reçu la consigne de procéder à des tirs tendus de lanceurs lacrymogènes à hauteur d'homme samedi dernier à Paris. « Une pratique interdite mais justifiée par le contexte »…
Suite à l'incendie de la préfecture de Haute-Loire samedi – oui, on est au stade où les préfectures brûlent en France –, Emmanuel Macron s'est discrètement rendu sur place mais il a rapidement dû s’enfuir sous les insultes et les « Macron démission » des manifestants.
Macron vient pourtant de reculer : après avoir annoncé un moratoire de 6 mois sur l’augmentation des taxes sur le carburant, il parle de suppression pour 2019…
Voilà qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu et exacerber la colère des Gilets jaunes qui scandent à présent : « Bloquons tout » !
On savait que Macron n’était pas très bon en communication depuis l’affaire Benalla où il a lancé aux Français son fameux « qu’ils viennent me chercher », mais voici qu’il fait la démonstration de sa complète déconnexion avec la réalité.
Un récent rapport parlementaire relatif au budget 2019 révélait que le record des 1000 milliards d’euros de prélèvements obligatoires avait été atteint en France et que les projections futures étaient encore en augmentation…
Ce n’est pas avec un moratoire de 6 mois voire d’une année sur une énième augmentation d’impôts que Macron va se maintenir au pouvoir.
De fait il ne lui reste plus que les CRS et, selon RTL, Macron vient de leur annoncer au cours d'un déjeuner le versement prochain d'une prime exceptionnelle pour les forces de l'ordre mobilisées lors du troisième acte des Gilets jaunes…
Mais du côté des policier, l’heure est de plus en plus à l’insoumission…
En effet, des syndicats de police commencent à lancer des préavis de grève illimitée pour samedi prochain. « Les flics ne vont pas rester le dernier rempart face à l’insurrection » indiquait sur France Inter un représentant d’Unité SPG Police, syndicat de policiers affilié à Force ouvrière.
Selon un sondage Ifop paru pas plus tard qu’hier, 72% des Français adhèrent au mouvement des Gilets jaunes.
Apparemment saisi d’autisme, le gouvernement français est incapable de regarder la réalité en face : « Les individus des mouvances d’ultra droite et d’ultra gauche font l’objet d’un suivi attentif par les services spécialisés, nous explique Castaner. Par contre, nous avons face à nous des gens qui ne sont pas connus de nos services de renseignement et que nous ne sommes donc pas en mesure d’identifier, surtout que les manifestants ont très vite changé leurs habitudes : ils sont passés de réseaux ouverts type Facebook, à l’utilisation de messageries cryptées pour organiser les manifestations. »
On ne remerciera pas assez le ministre Castaner de révéler l’usage intensif que font les Renseignements généraux de Facebook, le réseau social du milliardaire Zuckerberg, mais la question demeure : comment la patrie des droits de l’homme et du citoyen pense-t-elle justifier l’instauration de l’état d’urgence contre ses propres citoyens ?
Aurons-nous demain la loi martiale en France ?