La Fondation DSR faisait hier à Genève une présentation de presse dans le cadre de son vénérable centenaire. C’est devenu aujourd’hui un important opérateur de la restauration collective en Suisse.
Oui, la Fondation DSR, ça veut dire Département social romand. Elle est basée à Rolle. C’est elle qui a créé et contrôle le groupe de restauration collective qu’elle a rebaptisé Eldora dans les années 2000.
Eldora, ce sont aujourd’hui près de 300 restaurants. Dans les entreprises, jusqu’aux plus grandes multinationales, les écoles, les hautes écoles, les crèches ou encore tout le domaine de la santé. En particulier les EMS.
Et puis les Nations Unies à Genève, ce n’est pas rien.
Oui, au Palais des Nations. C’est sans doute le plus grand et le plus prestigieux restaurant d’Eldora. L’un des plus anciens aussi. Et puis Eldora a également des restaurants ouverts au public. Il y en aura bientôt un au Palais de Beaulieu à Lausanne.
En tout, c’est 2300 employés pour un chiffre d’affaires de 350 millions de francs. Dans des activités de traiteur aussi. De loin le leader en Suisse romande, avec quelques solides concurrents néanmoins.
Il est vrai qu’en un siècle, on a le temps de développer de solides réseaux.
Oui, encore que l’essentiel du développement s’est fait beaucoup plus récemment. Sous la conduite d’Andrew Gordon en particulier, le directeur actuel au nom anglophone mais qui a grandi par ici.
Et pourquoi une Fondation sans but lucratif, et pas une société anonyme ?
Pour des raisons historiques justement : la Fondation DSR a été créée par deux associations d’inspiration évangélique et sociale au lendemain de la première Guerre mondiale. Les Unions chrétiennes romandes et la Croix-Bleue.
Vous voulez dire qu’il n’y a pas d’alcool dans les restaurants Eldora ?
Si si, dans certains, je vous rassure. Mais en 1919, l’alcoolisme était le problème social numéro un en Suisse. A l’époque, l’armée était encore très mobilisée à cause du danger bolchévique et de l’instabilité allemande. DSR a développé les célèbres Foyers du soldat sur les places d’arme et dans les villes de garnison. Ça a été l’embryon de la restauration collective en Suisse.
Vous évoquiez l’autre jour des grandes entreprises suisses aux modèles économiques sans but lucratif. Eldora en fait donc partie.
Oui, c’est vrai. Grandes entreprises coopératives à l’échelle suisse, mais quand même. Dans l’alimentaire, Coop et Migros, top 50 du commerce de détail à l’échelle du monde. Les assurances, Mobilière et Vaudoise. Et puis il y a Rolex à Genève aussi, qui appartient à une fondation.
Alors oui, ce sont des modèles à succès dans la durée. Lorsque l’on parle aujourd’hui d’entreprises alternatives, d’économie durable, on ne devrait oublier que d’autres s’y sont lancés il y a longtemps. C’était bien dans l’esprit du temps. Dans un environnement bien plus capitaliste qu’aujourd’hui.
Mais toutes les entreprises sans but lucratif de l’époque n’ont pas traversé le siècle.
Non, parce que même dans le social et l’éthique, la sélection est redoutable et cruelle…
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-07022019-071342/