Cela fait des semaines qu’une bonne partie de l’Europe vit sous un régime anticyclonique et, même si des précipitations sont annoncées pour les jours à venir, la situation n’est pas près de s’améliorer. Car en période hivernale, il est difficile de se priver de chauffage. Bon nombre des installations en service sont alimentées par des énergies fossiles et elles contribuent à aggraver la situation. Et le trafic automobile y contribue aussi.
La politique économique dans la plupart des pays d’Europe occidentale a pour effet de concentrer les populations dans les agglomérations, mais aussi les activités. Le résultat est qu’à des périodes telles que celles que nous vivons, l’atmosphère urbaine est particulièrement polluée, qu’on vive à Genève, Lausanne ou Bâle, et c’est pire dans une cuvette comme Grenoble, entre les massifs de la Chartreuse, du Vercors et de la Vanoise. Les photos prises au-dessus de la capitale de l’Isère témoignent de la présence d’un important smog hivernal.
A condition de faire preuve de volontarisme. Dans de nombreuses agglomérations, l’accès et la vitesse du trafic sont réduits. Le 80 km/h va être généralisé sur toutes les autoroutes de contournement en Suisse. Mais c’est insuffisant. Dans l’idéal, il faudrait tout simplement réduire, voire renoncer, aux déplacements. C’est facile à dire, mais complètement contraire aux tendances actuelles. Une bonne partie de la population est contrainte d’avoir recours à la voiture pour se rendre au travail et, comme si cela ne suffisait pas, l’avion est privilégié pour les vacances, de courte ou longue durée. Et pourtant ces moyens de transports, pris individuellement, sont de moins en moins polluants.
Même si des mesures radicales permettraient de stopper cette fuite en avant. Dans une société où les acteurs subissent une pression fiscale de plus en plus forte, les voyages et les déplacements pour les loisirs font office de soupape. Car il ne faut pas se leurrer, le mécontentement général à l’origine du mouvement des Gilets Jaunes est perceptible dans d’autres pays, notamment en Suisse. Mais l’Helvète n’a pas pour coutume de descendre dans la rue. Il bougonne en silence et se console en se disant que c’est pire ailleurs. Pourvu que cela dure…
Si chacun prend ses responsabilités, les progrès en faveur de notre planète seront plus rapides. Je songe en priorité aux habitants des pays occidentaux dont la soif de consommation confine parfois à la boulimie et contribue au réchauffement climatique. L’année 2018 a été la plus chaude dans de nombreux pays depuis l’instauration des mesures de température. La semaine dernière, les autorités espagnoles en charge du patrimoine ont interdit les visites dans la Grotte d’Altamira, un sanctuaire de l’histoire situé en Cantabrie, en raison d’une légère modification du climat de la cavité. Celle-ci n’accueillait pourtant que cinq visiteurs, tirés au sort, le vendredi ! Imposer une telle restriction est plus facile à une petite échelle que dompter le flot des pendulaires un lundi matin. A l’heure où l’on s’apprête à voter une nouvelle initiative contre le mitage du territoire, et même si la désertion des campagnes fait le bonheur de certains écologistes, il faudra avoir à l’esprit que la concentration à outrance de la population dans les agglomérations pourrait avoir des conséquences sociales et environnementales désastreuses sur les Métropolis du 21 siècle.
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