On nous a dit qu’il était raciste, sexiste, homophobe, mais il vient d’être brillamment élu Président du Brésil, la 6ème puissance économique mondiale, avec plus de dix points d’avance sur son adversaire de gauche, et alors qu’il avait déjà failli être élu au premier tour avec plus de 46 % des suffrages.
Jair Bolsonaro, l’ancien militaire – il n’était pourtant que capitaine –, le nostalgique de la dictature, le fasciste nous dit-on en nous expliquant que « l’on a trop tardé à mettre des mots sur les choses », est littéralement plébiscité pour le plus grand effroi des scribes autorisés de la bien-pensance universelle.
Après la Russie, les Etats-Unis, l’Italie, la Hongrie, la Pologne, l’Autriche, voici donc le Brésil qui sombre dans le populisme !
A en croire les médias, avec Bolsonaro, la démocratie brésilienne tremble sur ses bases : son élection serait l’appel de la dictature !
Mieux encore, coupable de tous les maux, Bolsonaro à la tête du Brésil serait même une « mauvaise nouvelle pour la forêt amazonienne et le climat mondial » !
Oui là, on veut vraiment tout lui mettre sur le dos !
On peut dire sans exagérer que la panique a atteint nos élites politico-médiatiques.
Nos démocraties sont-elles en danger ? s’écriait Alexis Favre dans un récent Infrarouge où il demandait à ses invités, avec une anxiété marquée : on fait quoi maintenant ?
Eh bien on va commencer par admettre une réalité assez simple : Poutine, Trump, Salvini, Orban et Bolsonaro ont tous été élus démocratiquement.
Ce sont les peuples qui les ont librement portés au pouvoir, quand bien même ce serait au grand dam de leurs élites, ce qui au passage rend chacune de ces élections encore plus populaires et donc plus démocratiques.
Même le champion du monde Ronaldinho, arborant un maillot de la Seleçao au numéro du candidat Bolsonaro, lui a apporté son soutien en déclarant « pour un Brésil meilleur, je désire la paix, la sécurité et quelqu’un qui nous rende la joie. J’ai décidé de vivre au Brésil et je veux un Brésil meilleur pour tous ! »
On rappellera en effet qu’il y a plus de 60'000 homicides par année au Brésil, et que ce chiffre a été en augmentation constante sous les différents gouvernements du Parti des travailleurs.
Bolsonaro n’a été présenté dans la presse qu’aux travers de diverses sorties résolument provocatrices.
Son programme n’a jamais été décrit et personne n’a parlé par exemple de sa critique des trois dernières décennies de dépenses publiques incontrôlées, selon un modèle qui a corrompu toute la classe politique et provoqué une augmentation des impôts, des taux d’intérêts et de la dette.
Alors que Lula prétendait mener campagne depuis la prison où il se trouve pour des affaires de corruption qui ont également provoqué la destitution de Dilma Rousseff, c’est depuis l’hôpital que Bolsonaro a mené la sienne.
En effet, Bolsonaro est lui-même un survivant, un sobrevivente, de l’insécurité endémique qu’il annonce vouloir combattre sans merci.
Lors d’un de ses meetings de campagne, un nervi d’extrême gauche s’est jeté sur lui et l’a poignardé – passons sur le fait que personne n’a condamné cette tentative d’assassinat, mais il est certain que cet attentat raté ne pouvait qu’accroître la popularité du candidat Bolsonaro qui n’a nullement abandonné sa campagne : voilà bien un homme prêt à en découdre pour son pays.
Il est urgent que nos médias reprennent contact avec le réel.
La démocratie n’est pas un concept abstrait à la libre disposition d’une élite qui la définirait comme bon lui semble, mais bien une réalité concrète qui s’incarne dans une volonté, celle qui s’exprime dans les urnes, la volonté des peuples.