Le trouble fête, la signature d'Isidore Raposo.
Pourquoi le site du Palais de Beaulieu, à Lausanne, focalise-t-il votre attention aujourd’hui ?
- Tout simplement parce qu’il a constitué, à une époque, le centre de rayonnement de tout le canton de Vaud, pour ne pas dire du pays, lorsque, lors de la journée officielle du Comptoir Suisse, le Conseil fédéral s’y déplaçait in corpore pour assister au défilé des plus beaux animaux reproducteurs du pays, puis parcourir en cortège la manifestation qui faisait pendant à la Foire des échantillons de Bâle et à l’Olma de Saint-Gall. Au terme de ce marathon politico gustatif –certains ministres avaient un appétit aussi aiguisé que le président français Jacques Chirac lors de la Foire de l’agriculture de Paris-, tout ce beau monde se retrouvait pour un repas pantagruélique au Grand Restaurant. A la sortie, dans la deuxième partie de l’après-midi, il fallait avoir une volonté de fer pour résister à l’attaque de paupières.
Le Comptoir Suisse n’est bien évidemment plus ce qu’il était
- On peut même dire que la manifestation phare a perdu son statut national et son avenir est réellement compromis. Quant à Beaulieu, c’est un navire à la dérive. Si on fait le calcul des montants investis ce dernier quart de siècle par le Canton de Vaud et la Ville de Lausanne, on doit avoir largement dépassé les 100 millions de francs. Après avoir essayé toutes les formules, y compris la commercialisation par le groupe bâlois MCH, le régime de la fondation s’est imposé comme une évidence. Jusqu’à la découverte d’irrégularités comptables l’an dernier, un exercice conclu par un nouveau découvert de 15 millions de francs. Une entreprise privée aurait déposé son bilan depuis longtemps.
Ce ne serait donc pas le cas ?
- Non, car la Ville de Lausanne veut prendre les affaires en main en créant une société anonyme dotée de 36 millions, un capital auquel s’ajoutent 25 millions de francs de cautionnements. Au passage, l’Etat de Vaud va effacer une dette de 15 millions de francs. Le contribuable appréciera cette générosité à son juste prix.
L’obstination des autorités vous étonne ?
- D’autant plus que Beaulieu a été, des décennies durant un bastion et le phare du Parti radical vaudois, qui désignait la direction et avait la haute main sur tout ce qui s’y passait. Or la majorité de gauche qui gouverne Lausanne depuis un quart de siècle fait preuve du même aveuglement. Certes, son projet vise à nettoyer cette friche urbaine et à réaffecter cette parcelle à des activités économiques. Mais le maintien du centre de congrès me fait dresser les cheveux. Car, avec la construction du nouveau stade de football de la Tuilière, à la périphérie de la ville, près de la jonction autoroutière de la Blécherette, aurait été une belle occasion de faire coup double. Une opération dans laquelle Genève, avec Palexpo, a fait œuvre de pionnier.
- Nul doute que le poète vaudois Gilles, qui a égratigné les Genevois en évoquant la Venoge, « ce fleuve bien à nous », aurait aujourd’hui raillé ses concitoyens vaudois.
Gregoire Junod le syndic de lausanne, “le modele d’affaires de beauline n’est pas en souffrance, il est mort".