Le géant de la grande distribution Migros veut recentrer et renforcer son coeur de métier. Cette opération nécessite de se séparer de nombreuses enseignes spécialisées et de supprimer des emplois. La direction l'explique notamment par une mise sous pression des marchés et un changement de comportement des consommateurs.
Le géant orange compte poursuivre sa stratégie de recentrage sur les activités dans le commerce de détail alimentaire et non-alimentaire, les services financiers avec la Banque Migros et la santé avec la filiale Medbase.
Conséquence de cette focalisation, la direction de la coopérative prévoit de vendre, à une échéance non précisée, ses marques spécialisées Hotelplan Group, Mibelle, SportX et Melectronics, selon un communiqué publié vendredi.
Concernant le voyagiste Hotelplan, le groupe explique que "le centre de gravité de l'industrie du tourisme s'est déplacé vers des voyagistes de très grande dimension et d'envergure internationale". Quant au fabricant de produits cosmétiques Mibelle, il estime que "le lien avec le coeur de métier de Migros en Suisse est de plus en plus ténu". Pour ces deux marques, Migros ne s'attend pas à une reprise rapide par un autre acquéreur.
Les enseignes Bike World, Do it + Garden, Micasa et Obi feront pour leur part "l'objet d'un examen approfondi", sans plus de précision. En 2023, l'ensemble des marchés spécialisés ont réalisé un chiffre d'affaires en recul de 1,7% à 1,5 milliard de francs.
Licenciements "injustifiés"
Migros a annoncé la suppression de 1500 postes à temps plein. Le directeur général Mario Irminger n'a pas pu préciser, en conférence de presse, quels seraient les emplois concernés. "Cela dépendra surtout de l'identité des futurs acheteurs." Ce sont surtout les emplois dans le domaine des services centraux et de la logistique qui sont en danger, selon lui.
Le groupe précise qu'il y a actuellement environ 1400 postes vacants.
"Les employés ne doivent pas payer une nouvelle fois l'addition", a déclaré à l'agence AWP un porte-parole du syndicat Unia qui se dit choqué par l'ampleur des suppressions d'emplois annoncées, soulignant que les résultats du groupe ne les justifient pas. "Nous demandons à Migros de tout mettre en oeuvre pour éviter cela."
Face à "la plus grande vague de licenciement de l'histoire de Migros", Unia déplore le refus de dialogue de Migros avec les syndicats.
Déjà annoncés en juin dernier, les effets de la restructuration du groupe sur l'emploi n'avaient pas été détaillés par la direction générale de la Fédération de coopératives Migros (FCM).
Pour la fédération Swiss Retail, ce recentrage n'est pas une surprise. "Ces dernières années, Migros s'est trop fortement dispersé et diversifié. Les structures existantes ou quelque peu adaptées ne permettaient plus de tenir partout la cadence avec les concurrents les affûtés."
Correctif de valeur important
Cette réorganisation va entraîner un correctif de valeur de 500 millions de francs au titre de l'exercice 2023. Il comprend un amortissement de 15 millions lié au prêt accordé à l'entrepreneur autrichien en difficulté René Benko, a précisé un porte-parole à l'agence AWP.
Le résultat annuel devrait cependant être "positif", après avoir atteint 459 millions de francs (-31%) en 2022.
Seul le chiffre d'affaires 2023 d'Hotelplan a été communiqué à ce jour par le géant orange, en plus de celui du groupe. Le voyagiste a contribué à hauteur de 1,7 milliard de francs aux recettes totales de près de 32 milliards.
Dans sa démarche de recentrage et de développement de son activité principale, l'entreprise prévoit d'investir plus de 8 milliards de francs ces cinq prochaines années. Ces sommes serviront notamment aux supermarchés Migros, à un nouveau concept de magasin Denner, à la logistique et au commerce en ligne.
Migros présentera ses résultats annuels complets le 26 mars.
