Le marché suisse des actions a terminé hier sa journée en légère baisse, mais il aura progressé de manière spectaculaire ces deux premiers mois de l’année. Ce n’est pas du tout ce qui était attendu.
Non, en effet. Les prévisions depuis novembre tablaient au mieux sur une évolution latérale et volatile comme l’on dit. C’est-à-dire en dents de scie bien accentuées, et sans orientation claire vers le haut ou vers le bas. Certains imaginaient aussi que les indices poursuivraient leur décrochage encore quelque temps.
Or les marchés actions n’ont pratiquement pas cessé de grimper depuis le début de cette année. En Suisse, l’indice SMI a progressé de près de 12% sur 9 semaines ½ pour être précis. C’est du torride.
Voilà de bonnes nouvelles pour les épargnants et les caisses de pension. Alors comment expliquer des écarts pareils par rapport aux prévisions ?
Eh bien ça renvoie sans surprise à ce qui se passe dans le monde. En fin d’année dernière, on se faisait bien du souci au sujet des Etats-Unis. Et puis le long blocage politique sur le paiement des fonctionnaires s’est arrangé.
Quant à la guerre commerciale avec la Chine, elle semble bel et bien terminée. Au profit des Etats-Unis d’ailleurs. Les droits de douane vont passer à fin mars de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars de produits chinois. Alors la manière dont tout cela se passe est finalement plutôt rassurante. A court terme du moins.
Sauf que c’est la Chine qui va subir le choc. Ça va quand même se reporter sur l’économie mondiale.
Oui, mais ça montre bien que la Chine n’est pas encore devenue le centre du monde sur le plan économique. Ça reste les Etats-Unis. L’histoire avance lentement, comme toujours. Les taux de croissances de la Chine ne sont plus à deux chiffres, mais ils sont encore confortables. Alors ça fait moins peur. En fait, les économistes s’attendent bien à un périlleux ralentissement en Chine. Mais au second semestre seulement.
En fait tout peut encore se passer cette année si je comprends bien.
Oui, tout reste ouvert à ce stade disons… précoce. L’année 2017 avait enregistré une belle hausse des actions. Près de 15% en Suisse. 2018 l’avait presque annulée en fin d’exercice. La vraie question actuellement, c’est de savoir si nous sommes ou non entrés dans un cycle baissier après les hausses annuelles à répétition de la décennie 2010. C’est ce que le consensus affirmait en fin d’année dernière. C’est évidemment beaucoup moins clair aujourd’hui. On se retrouve à vouloir battre des records, comme si rien ne s’était passé.
On pourrait même se demander à quoi servent toutes ces prévisions.
Oui, on pourrait évidemment. C’est assez sage de se le demander de temps en temps, d’ailleurs. Et c’est une vaste question. Alors j’essaie en deux mots : les prévisions existent parce que tout le monde ou à peu près en demandent. Et en redemandent. A quoi serviraient les économistes s’ils ne pouvaient pas nous dire ce qui va se passer ? On leur pardonne de se tromper, mais on ne leur pardonnerait pas de n’avoir rien à dire. Après c’est un peu comme avec la météo. On l’écoute et l’on en fait ce que l’on veut. Y compris rien.